EDF-GDF : La préparation de la manifestation du 27 mai contre le changement de statut26/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1869.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

EDF-GDF : La préparation de la manifestation du 27 mai contre le changement de statut

Le jeudi 27 mai, les syndicats (CGT, CFDT, CFTC, UNSA, Sud-énergie) ont appelé à une journée nationale de grève et de manifestation. On peut s'attendre à ce que ces actions soient bien suivies car, au moment où nous écrivons, nous en sommes encore au stade de la préparation.

La précédente mobilisation, le 8 avril dernier, avait mis en grève 75% du personnel, selon la CGT. C'est que le personnel est quasi unanime à rejeter le projet de changement de statut de l'entreprise qui motive cette nouvelle journée comme la précédente.

Depuis quelques temps c'est Sarkozy, le nouveau ministre de l'Industrie, qui fait feu de tout bois pour tenter de convaincre les agents EDF et GDF qu'il ne leur sera fait aucun mal. Si quelques cadres se disent convaincus (mais ils l'étaient déjà avant), si certains syndicalistes acceptent de se prêter à des discussions bidon avec le ministre, l'ensemble du personnel, lui, ne se laisse pas prendre à ce langage. Au contraire, le fait que ce soit Sarkozy joue plutôt en sa défaveur: personne ne lui fait confiance...

Selon le calendrier prévu, à partir du 15 juin, l'Assemblée nationale va débattre du projet de loi de changement de statut et, étant donné la majorité parlementaire, le résultat est connu d'avance: EDF et GDF ne seront plus des entreprises d'État, mais de simples sociétés anonymes, ce qui leur permettra juridiquement d'ouvrir leur capital au secteur privé. En même temps devrait être créée une caisse de retraite (qui n'existe pas dans le régime actuel), laquelle sera détachée d'EDF et GDF et "adossée au régime général", selon la formule officielle. Autrement dit, EDF et GDF vont pouvoir "refiler" les retraites de leurs agents à la Sécurité sociale et faire ainsi des économies qui profiteront avant tout... aux capitalistes privés qui s'apprêtent à investir dans des parts d'EDF et GDF.

C'est la droite qui est prête à réaliser ce changement, mais la gauche, quoi qu'elle dise aujourd'hui, l'avait préparé.

Si Sarkozy prend des gants vis-à-vis des salariés d'EDF et de GDF, c'est que la direction et les politiciens se méfient de leur réaction possible. Ce n'est pas la première fois que les électriciens et gaziers se mobilisent, et rappelons que, début 2003, ils avaient par référendum rejeté le projet sur les retraites, baptisé hypocritement "relevé de conclusions", malgré l'appel à voter oui de la CGT... qui, devant la pression des salariés, avait finalement renoncé à signer le texte. C'est, entre autres, ce projet dont ne veulent pas les salariés qui devrait être entériné par l'Assemblée nationale.

Un autre indice de la prudence des directions, c'est qu'elles viennent d'accorder une augmentation générale des salaires de 2,4%. Ce n'est certes pas le Pérou, mais voilà des années que l'on n'a rien vu de tel. Cela tombe comme par hasard au moment du changement de statut. Il est vrai que la modification du régime des retraites va coûter d'emblée 4% de plus aux agents (que la direction s'était toutefois engagée à compenser)

Mais si les directions d'EDF et GDF sont prudentes, les directions syndicales le sont tout autant. Elles étalent soigneusement la protestation: du 8 avril au 27 mai, il s'en est écoulé du temps! On en est au rythme d'une journée d'action de temps en temps. Et l'on n'annonce pas de lendemain.

Certes, la fédération CGT tient en interne un langage "dur" et a déposé un préavis de grève pour après le 27. Mais le langage combatif ne redescend pas auprès du personnel. La CGT a déclaré par avance que les préavis pour l'après-27, ce serait pour couvrir les quelques secteurs éventuels qui voudraient continuer une journée ou deux de plus. Ce n'est pas cela qui s'appelle préparer la lutte.

Pourtant cette lutte est maintenant véritablement indispensable. Le personnel sait à quel sauce on veut le manger, et personne ne veut être mangé.

Tout le monde a bien conscience que, cette fois, on est au pied du mur. Il faudrait "mettre le paquet" pour faire reculer le gouvernement, en sachant qu'on aurait vraisemblablement avec soi la majorité de l'opinion publique (qui ne semble pas apprécier l'ouverture annoncée du capital d'EDF et GDF).

Le personnel parviendra-t-il à passer par-dessus un certain fatalisme? La mobilisation du 27 mai permettra-t-elle d'enclencher une mobilisation plus profonde et une remontée du moral? Toute la question est là.

Ce qui est certain, c'est que les salariés d'EDF et GDF disposent d'une force considérable, qu'ils pourraient paralyser totalement le pays, et que leurs adversaires en sont parfaitement conscients, c'est pourquoi ces derniers marchent sur des oeufs.

Alors il faut tout faire pour que le 27 mai soit un succès, bien évidemment, mais surtout qu'il soit le point de départ d'un combat véritable pour faire capoter les projets du patronat et du gouvernement.

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