Vénissieux (Rhône) : Bosch tente de racketter son personnel20/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1868.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Vénissieux (Rhône) : Bosch tente de racketter son personnel

L'usine Bosch de Vénissieux est spécialisée depuis longtemps dans la fabrication de composants pour l'injection diesel traditionnelle. Elle emploie 820 personnes (ouvriers, ATAM, ingénieurs et cadres).

Depuis le début de l'année, la direction générale de Bosch-France (groupe allemand) fait de la propagande pour effrayer le personnel de Vénissieux, avec l'aide de certaines organisations syndicales comme la CFDT, en expliquant que ce sont les derniers jours de la production de ce système d'injection. Elle programme pour 2008 sur le site de Vénissieux un effectif de 464 personnes et envisage un plan "social" de suppressions d'emplois dès 2005.

Fin février, elle a sorti de son chapeau un projet d'investissement de 12 millions d'euros dans la réalisation d'une pompe de distribution haute pression pour système Commonrail, qui remplacerait les modèles existants, pour le site de Vénissieux. Tous les constructeurs automobiles sont intéressés par ce système et cette pompe. D'après la direction, relayée par la CFDT, cela devrait générer 190 emplois, sur le site.

Outre le fait que cela ne couvre pas la diminution d'emplois, ce projet s'accompagne de conditions scandaleuses. Après négociations, la CFDT, FO et la CGC ont finalement accepté les conditions et signé un protocole d'accord début mai. Celui-ci comprend: la baisse de 12% "des coûts salariaux" sur 3 ans, le passage de la durée de travail de 35 heures à 36 heures sans augmentation de salaire, le gel des salaires sur trois ans, la suppression du lundi de Pentecôte et d'un jour de pont payé, la suspension de l'accord d'intéressement pour trois ans, la renégociation individuelle des contrats avec un avenant, etc.

Pour justifier ce recul, la CFDT majoritaire (plus de 60% des suffrages tous collèges confondus) depuis février n'a cessé d'alarmer les gens en leur faisant croire qu'ils n'avaient pas le choix, que "l'usine était au bord du gouffre". Quant à la CGT, bien que contre l'accord, elle n'est presque pas intervenue dans les ateliers pour contester ces mensonges. Si bien que la CFDT a pu organiser une consultation auprès de ses syndiqués qui s'est traduite par 99% de oui à l'accord, et un référendum sur l'ensemble de l'entreprise, où 73% se sont prononcés pour.

Pourtant le groupe Bosch n'est pas au bord du précipice. Cette société n'a aucune difficulté financière, c'est le deuxième équipementier automobile du monde. Il détient 60% du marché du diesel en Europe, 50% dans le monde. Sur le site de Vénissieux, il y a actuellement près de 100 intérimaires et de multiples heures supplémentaires. La direction cherche sans honte à financer ses investissements en prenant sur les salaires des travailleurs et en faisant le chantage à l'emploi et à la concurrence.

C'est la logique patronale, bien sûr, mais que des organisations syndicales leur servent la soupe, c'est écoeurant. Ce n'est pas aux travailleurs de faire les frais des choix stratégiques des actionnaires.

Coup de théâtre, le lundi 10 mai, les responsables départementaux CFDT de la métallurgie interdisaient la signature de l'accord et retiraient leurs mandats aux délégués syndicaux de l'usine. La CFDT de Vénissieux, le stylo à la main et prête à signer, s'est indignée et adressée publiquement à Chérèque, secrétaire général de la CFDT, pour trancher le désaccord, accusant sans rire les responsables départementaux de mettre en péril l'usine.

Voilà où conduit une politique de collaboration avec les patrons. Jouer les cogestionnaires avec eux ou défendre les intérêts de tous les travailleurs, il faut choisir.

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