Intermittents du spectacle : Un premier recul du gouvernement20/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1868.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Intermittents du spectacle : Un premier recul du gouvernement

Devant la mobilisation des intermittents du spectacle, le ministre de la Culture Donnedieu de Vabres a été contraint de revenir, en partie, sur leur nouveau régime d'indemnisation du chômage mis en place début 2004. Présenté comme une réforme indispensable -une de plus- pour sauver la caisse de chômage des intermittents, c'était, en fait, une attaque en règle contre leurs droits.

Avec le recul du gouvernement, les intermittents qui travaillent 507 heures en douze mois (au lieu des onze dans le nouveau système mis en place en janvier 2004) seront de nouveau indemnisés. Les congés maternité seront pris en compte dans le calcul de ces 507 heures: sur ces points, c'est le retour au système précédent. Mais le gouvernement ne recule pas sur la durée de l'indemnisation (huit mois au lieu de douze) ni sur le fait de ne pas prendre en compte les heures de formation professionnelle pour les techniciens et les réalisateurs. Quant aux congés maladie, Donnedieu de Vabres a hypocritement déclaré être "prêt à prendre en compte la situation des personnes en congé maladie", tout en ajoutant: "Permettez-moi de ne pas pouvoir traiter tous les problèmes en même temps"... Il n'a pas le temps, mais près de 6000 intermittents ne sont plus indemnisés depuis janvier (1500 de plus chaque mois, d'après les chiffres de l'UNEDIC)!

Alors, pour les intermittents, le compte n'est pas bon: "Nous restons unis, mobilisés, vigilants. On ne leur fout pas la paix. Même si le gouvernement ne veut pas toucher au protocole de la bande à Ernest-Antoine Seillière et Chérèque, il devra le faire", a déclaré Jean Voirin, le secrétaire général de la CGT-Spectacle. En effet Chirac et Raffarin n'ont reculé que devant la menace de la poursuite du mouvement, en particulier à l'occasion du festival de Cannes.

Et c'est vrai que, cette année, cette vitrine de luxe du cinéma, énorme machine à faire du profit, avait une tout autre allure. Forums permanents dans la salle de spectacle qu'ils avaient obtenue de la direction du festival, montée des marches, banderoles et drapeaux rouges devant les studios de Canal+: les intermittents ont fait, chaque jour, la démonstration que leur lutte avait la sympathie de leur profession et d'une grande partie de la population. Et l'intervention très brutale des CRS le 15 mai, contre des intermittents et des journalistes, n'a pas arrangé les choses pour le gouvernement. Donnedieu de Vabres a été contraint de déclarer ces incidents "très regrettables". Même le préfet a été mis à contribution pour présenter des excuses, qu'il a réservées "d'abord aux étrangers... puis aux journalistes", mais pas aux intermittents interpellés qui ont passé la nuit en garde à vue. Un préfet reste quand même le premier flic de son département...

En tout cas, c'est en se mobilisant, depuis maintenant plus d'un an, que les intermittents ont obtenu ces premiers reculs significatifs du gouvernement. Et si celui-ci espère, par quelques concessions et des promesses, démobiliser les intermittents et sauver la saison des festivals 2004, il risque fort d'obtenir le résultat inverse. Les intermittents ont pu se convaincre que la lutte paye et que c'est le seul langage que le gouvernement et le Medef comprennent. Avant même la fin du festival, on peut leur décerner pour cela une palme d'or.

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