Impôts locaux : Des augmentations...et des baisses choquantes!20/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1868.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Impôts locaux : Des augmentations...et des baisses choquantes!

"Jusqu'où iront les impôts locaux?" demandait Le Journal du Dimanche du 16 mai, ajoutant: "Les coûts explosent. Et la décentralisation risque d'alourdir la facture". En fait, ce ne sont pas tous les impôts locaux qui ont augmenté en 2003. Les principales augmentations touchent d'abord la taxe d'habitation avec +7%, la taxe d'enlèvement des ordures ménagères avec +9% et enfin les taxes foncières avec +5%. Mais le principal impôt local en terme de recettes, la taxe professionnelle qui, encore aujourd'hui, représente plus de 50% de la totalité des rentrées, elle, ne cesse de baisser.

En réalité, derrière les augmentations de certains impôts locaux, il y a un choix de classe partagé aussi bien par la droite que par la gauche, dont la politique ne diffère guère à la tête des principales collectivités locales. Les uns et les autres font payer les moins riches, et non seulement ils épargnent les employeurs et les couches les plus riches, mais ils leur réattribuent une part considérable des impôts qu'ils ponctionnent sur le reste de la population.

Ainsi, les taux d'imposition de la taxe d'habitation ne tiennent compte que très partiellement des revenus des habitants. De plus, le classement des logements a été fait il y a de nombreuses années et les HLM sont souvent considérés comme ayant tout le confort, et donc sont imposés à des taux plus importants que les vieux immeubles bourgeois. C'est donc un des impôts les plus injustes. Il en est de même pour la taxe d'enlèvement des ordures ménagères. Cet impôt supplémentaire est encore plus injuste que la taxe d'habitation car cette taxe sur les ordures, dont le montant est librement fixé chaque année par les collectivités, n'est payée que par les habitants, et pas par les entreprises.

Parallèlement, la taxe professionnelle qui, elle, est payée par les seules entreprises, n'a cessé et ne cesse de baisser, alors que les besoins des collectivités sont toujours plus importants. Le gouvernement Jospin a réussi à la faire baisser de près de 40%, en supprimant la part assise sur les salaires, ce qui représente un cadeau de 10milliards d'euros par an pour les entreprises et qui met les collectivités et les finances de l'État à mal. Pour ne pas être en reste d'ailleurs, sur les injonctions de Chirac, le gouvernement Raffarin a décidé de faire bénéficier les entreprises de nouveaux allégements. Les nouveaux investissements ne sont plus soumis à cette taxe. Et l'on parle maintenant de supprimer totalement et définitivement la taxe professionnelle, ce qui ne pourra que faire exploser les autres impôts locaux.

Ce qui ajoute au scandale, c'est que tous les chefs des exécutifs des collectivités locales, grandes villes, départements et régions, redistribuent une part considérable des impôts prélevés sur le reste de la population aux entreprises: plus de 25% en ce qui concerne les seules régions.

Ni la droite ni la gauche ne tiennent à mettre en évidence ce fait que, si les impôts de la grande majorité de la population augmentent de façon inconsidérée, c'est d'abord pour permettre aux employeurs de voir les leurs baisser, et pour avoir une manne toujours plus importante à distribuer à ces dernières! Car qui les empêcherait d'augmenter la part payée par le patronat et d'alléger celle qui est payée par la population, sinon leur soumission aux intérêts des possédants?

Partager