Un ex-ministre et l'immobilier : Une justice plutôt longuette13/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1867.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un ex-ministre et l'immobilier : Une justice plutôt longuette

Mis en examen pour "recel d'abus de biens sociaux et recel de contrefaçon", Gérard Longuet, président du Conseil régional de Lorraine jusqu'aux dernières élections et toujours sénateur UMP de la Meuse, vient d'être convoqué devant un tribunal correctionnel. Pour sa défense, il a déclaré avoir dispensé des "conseils stratégiques" à la Cogedim, l'un des premiers groupes immobiliers français. Ceux-ci n'étaient pas très regardants puisque son rôle de "consultant" au début des années quatre-vingt-dix lui a été rémunéré 40000 francs de l'heure. Sa tâche se limitait à rencontrer le PDG de la Cogedim une ou deux fois par mois pour des "discussions à bâtons rompus".

Longuet s'est justifié en déclarant que "lorsque l'on est consultant, on vend l'autorité que donne une certaine expérience". Comme il avait été ministre des Postes et télécommunications dans le gouvernement Chirac sous la présidence de Mitterrand entre 1986 et 1988, il n'est pas besoin d'être grand clerc pour chercher en quoi consiste son "autorité" et son "expérience" de grand dispensateur de l'argent public à ses relations patronales. Comme d'autres hommes politiques qui se déclarent "libéraux", Longuet se faisait fort de dénoncer l'emprise de l'État sur les entreprises, qui portait atteinte à la liberté des entrepreneurs. Mais, cela ne l'empêchait pas de monnayer ses relations auprès d'une grosse société qui ne dédaignait pas les avantages que peut lui fournir l'État. Ces relations, qui font partie des affaires courantes, furent ébruitées en 1994 dans le même temps que furent révélées d'autres affaires (financement des lycées d'Ile-de-France, financement de sa villa) alors que Gérard Longuet était devenu ministre pour la seconde fois, occupant le poste de ministre de l'Industrie dans le gouvernement Balladur. Cette fois, il dut alors démissionner.

Et en 2004, la Justice se demande si par hasard les honoraires touchés par Longuet ne constituaient pas une couverture pour une rémunération de pure complaisance. Quinze ans après 'affaire et dix ans après qu'elle eut été ébruitée: quelle célérité !

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