La Poste - Orléans (Loiret) : En grève contre les suppressions de postes13/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1867.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste - Orléans (Loiret) : En grève contre les suppressions de postes

Depuis le mardi 4 mai, nous sommes en grève au Centre de distribution de La Poste à Orléans, qui compte 130 personnes et la plupart des facteurs de la ville. Dans le cadre d'une nouvelle restructuration, la troisième en quatre ans, la direction veut supprimer plus de deux tournées, c'est-à-dire au moins deux postes de facteurs et les moyens de remplacement correspondants. Cela fait des années que l'effectif se réduit et que La Poste fait appel à des travailleurs en contrat à durée déterminée, payés au rabais et dont elle se débarrasse dès qu'elle n'en a plus besoin.

Le prétexte invoqué est la mise en place de deux machines qui effectuent une partie du tri du courrier. Le gain de temps correspondrait aux deux postes qu'elle veut supprimer. Mais outre que l'efficacité de ces machines n'est pas prouvée, il faut que chaque facteur remette les lettres triées par la machine parmi celles qu'il a triées à la main: le temps gagné par la machine est en partie reperdu, le gain de temps est dérisoire, voire nul.

La direction fait mine de nous consulter, nous demandant d'approuver ce qu'elle appelle des "scénarios". Elle nous laisse le choix entre maintenir le nombre de postes mais perdre notre jour de repos hebdomadaire, ou conserver ce jour mais perdre les postes. En fait de scénario, il s'agirait plutôt d'un mauvais film. Nous avons besoin à la fois du repos et des postes, car comme l'a dit un facteur "cela voudra dire une centaine de boîtes aux lettres en plus sur la tournée. C'est impossible à faire avec tout le travail qu'on a déjà".

Mardi dernier, alors que le travail avait commencé, l'un d'entre nous a explosé, provoquant un attroupement qui s'est vite transformé en AG improvisée. Une partie d'entre nous a décidé de se mettre en grève. La grève s'est renforcée les jours suivants, entraînant la moitié du personnel. Des banderoles ont été placées devant le Centre, bien visibles sur cet axe fréquenté, portant nos revendications: "Non aux suppressions de postes", et "Postiers en lutte pour l'emploi". Puis nous nous sommes rendus avec nos vélos à la direction dans le centre-ville, en scandant ces mêmes slogans et aussi: "Un postier en plus, un chômeur en moins". Notre manifestation cycliste a été remarquée de la population qui nous a encouragés à recommencer chaque jour.

À la direction, nous avons d'abord trouvé porte close. Mais le directeur a été obligé de nous recevoir tous ensemble et beaucoup lui ont dit ses quatre vérités. Chaque matin suivant, la grève a été revotée en AG et nous avons engagé d'autres actions. Nous nous sommes rendus à un centre de tri parallèle que La Poste entretient plus ou moins en permanence depuis des années. Nous avons expliqué aux intérimaires présents le rôle qu'on voulait leur faire jouer et que nous préférerions les voir embauchés par La Poste! Bon nombre comprenaient notre action. Nous avons vérifié que La Poste est capable de recruter du personnel en un temps record pour briser une grève, en faisant appel aux boîtes d'intérim. Quand elle le veut, elle sait trouver le personnel qui manque !

La direction a cherché à nous intimider en nous rappelant que nous allions perdre deux jours si nous faisions grève le vendredi 7 (à cause du 8 mai férié). Mais elle n'a réussi qu'à renforcer la détermination des grévistes, qui ce jour-là étaient encore plus nombreux. Le mouvement a été reconduit lundi et mardi. Certains se rendent compte que pour faire reculer la direction, il faudrait que la grève se renforce encore, et surtout que tous les centres qui connaissent ces mêmes problèmes luttent en même temps. Mais avant même d'avoir obtenu gain de cause, nous avons déjà la satisfaction d'avoir relevé la tête et montré notre ras-le-bol. Beaucoup en avaient assez de subir des reculs sans que rien ne se passe. Le moral est au beau fixe.

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