Italie : Face à la grève, Fiat a dû lâcher du lest13/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1867.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Face à la grève, Fiat a dû lâcher du lest

Le 10 mai, la production devait reprendre à la Fiat de Melfi, dans le sud de l'Italie, après trois semaines de grève des 5200 travailleurs de l'usine. Le 13 mai, ceux-ci devaient se prononcer par référendum sur les résultats de la négociation. S'il est certain que les syndicats voulaient désormais mettre fin au conflit, il est sûr aussi que la direction de Fiat a dû jeter du lest devant les revendications ouvrières, malgré tous ses cris sur cette grève qui risquait selon elle de mettre le groupe en faillite. À l'approche de l'assemblée annuelle des actionnaires de Fiat, son président Umberto Agnelli déclarait même que, tous comptes faits, la situation financière du groupe n'était pas si mauvaise...

À Melfi, dans cette usine du Sud, aux cadences et aux horaires insupportables et aux salaires particulièrement bas, la direction a dû lâcher des augmentations devant aboutir, en principe, à la parité des salaires avec ceux des usines Fiat du Nord. À partir du mois de juillet, la direction devrait également mettre fin à l'exténuant horaire dit du "coup double" qui prévoyait douze équipes de nuit consécutives. Cet horaire devrait être remplacé par une semaine de six jours de travail, suivie d'une semaine de quatre jours avec deux jours de repros consécutifs. Les concessions de la direction sont certes plus que mesurées. Les 105 euros brut d'augmentation mensuelle (sur un salaire de 900 euros) qui devraient aboutir à la parité avec les autres usines du groupe ne seront concédés que progressivement d'ici au 1er juillet 2006. Ils résulteront d'un complexe réaménagement des primes d'équipe et de compétitivité. Mais c'est tout de même un recul de la part de la direction et un succès moral pour les travailleurs.

C'était la première grève dans cette usine modèle du groupe Fiat où celui-ci prétendait avoir inauguré un nouveau style de relations industrielles... et en fait avait encore aggravé l'exploitation. Elle marque aussi le retour, dans les luttes de la classe ouvrière italienne, de l'arme de la grève illimitée, oubliée depuis bien longtemps par les confédérations syndicales dans leur jeu de concertation avec les patrons.

En ayant recours à cette arme, après les travailleurs des transports publics en décembre et janvier, après ceux de la compagnie aérienne Alitalia, ceux de Fiat Melfi ont montré que la colère contre la politique du patronat et du gouvernement peut être contagieuse, et les moyens d'action aussi. Il reste à souhaiter qu'ils se généralisent.

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