Irak : L'impasse sanglante de l'occupation13/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1867.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : L'impasse sanglante de l'occupation

Pendant que les révélations sur les tortures infligées aux prisonniers irakiens par les soldats américains et britanniques soulèvent le scandale, les affrontements se poursuivent quotidiennement dans bon nombre de villes du pays, se soldant par des morts parmi les soldats des armées d'occupation, mais aussi et surtout parmi la population irakienne.

Ainsi à Bagdad dans la seule journée du dimanche 9 mai, 35 Irakiens ont été tués, dont 28 au cours d'un accrochage et 7 dans un attentat sur un marché. Au lendemain de l'arrestation d'un adjoint du jeune chef chiite Moqtada al Sadr, des combats très violents entre militaires américains et chiites ont éclaté, les 8 et 9 mai, dans le quartier très populaire de l'est de Bagdad surnommé désormais Sadr City. Les combats entre les forces d'occupation et les milices irakiennes se sont étendus aux villes du Sud, et en particulier à Bassora, opposant miliciens chiites et soldats de l'armée britannique.

Depuis des semaines maintenant, l'armée américaine et les autres armées de la coalition doivent faire face à des actions armées de toute sorte. L'attitude des armées d'occupation, leur mépris des besoins les plus élémentaires de la population pendant toute l'année écoulée, leurs exactions qui font scandale, les nombreuses victimes de l'offensive décidée par Bush en avril dernier n'ont fait qu'alimenter la haine de l'occupant, continuant à renforcer les différents groupes qui se manifestent quotidiennement aujourd'hui contre les troupes de la coalition.

Pour autant qu'on puisse en juger, ce sont avant tout des groupes et des dirigeants musulmans intégristes, d'obédience sunnite ou chiite, qui renforcent leur influence. Ainsi, Moqtada al-Sadr, qui affirme son radicalisme dans les actions contre l'armée américaine, verrait affluer dans son armée du Mahdi des centaines de volontaires. Les diverses factions, pour gagner de l'influence contre les factions rivales, se livrent à une surenchère contre l'occupant. C'est à qui fera le prêche le plus radical, tel cet imam de la mosquée principale de Bassora, Abdul Sattar al-Bahati, qui appelait vendredi 7 mai, lors de la prière, à la "guerre sainte" contre les Anglais en brandissant un fusil d'assaut. Cette concurrence qui se traduit aussi par des affrontements entre factions ajoute encore au chaos général.

Pour tenter de ramener un semblant d'ordre, l'impérialisme américain a cherché à s'entendre avec les "alliés" les plus divers, en général tous plus réactionnaires les uns que les autres, allant des grands chefs de tribus à divers représentants religieux ou à d'anciens cadres du parti Baas, le parti de Saddam Hussein. Ainsi, début mai, à l'issue de l'évacuation de la ville de Falloudja par l'armée américaine après trois semaines de combats, le général James Conway, chef des marines, a confié à un ancien cadre du parti Baas, le parti du dictateur déchu, le soin d'assurer une très hypothétique "sécurité" dans la ville, pour faire appel quelques jours plus tard à un autre homme encore. Les tentatives successives des occupants de s'appuyer sur une faction, puis sur une autre, ne font qu'augmenter progressivement le chaos général.

Un peu plus d'un an après la fin "officielle" de la guerre, l'occupation impérialiste de l'Irak débouche sur un fiasco total. La faillite est de plus en plus évidente pour l'équipe dirigeante américaine qui a pris la responsabilité de cette ignoble opération de brigandage. Malheureusement, celle qui paye le prix le plus élevé reste la population irakienne, qui ne peut que constater que les soi-disant grandes démocraties des pays impérialistes, États-Unis en tête, ne leur apportent que la misère, la souffrance et la mort.

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