Île de la Réunion : Grève générale dans le bâtiment13/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1867.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Île de la Réunion : Grève générale dans le bâtiment

En 2003, la CGTR avait dénoncé l'ancienne convention collective du bâtiment qui excluait 7500 ouvriers en contrat de chantier sur les 14000 du secteur du bénéfice des primes de panier (10,47 euros par jour) et des primes de trajet (14 centimes d'euro du kilomètre) et de transport. Ces dernières années, les patrons du BTP avaient licencié ou remplacé des milliers de permanents par des ouvriers en contrats à durée déterminée, dits contrats de chantier.

À la suite de la fédération CGTR, une intersyndicale (CGTR, CFDT, FO, CFTC) s'était mise d'accord pour revendiquer ces primes pour tous les ouvriers du BTP et 5% d'augmentation des salaires. Des négociations, qui durent depuis maintenant deux ans, semblaient devoir déboucher sur un accord définitif concernant les primes puisqu'un accord de principe avait été signé le 16 décembre dernier avec les organisations patronales. Mais c'était compter sans le revirement soudain des patrons lors des négociations de la mesure qui selon leurs calculs "renchérissait la masse salariale de 25%, à hauteur de 61 millions d'euros par an!" Ils demandaient alors aux syndicats d'accepter un étalement progressif des primes pour les CDD, jusqu'en 2010; et, en attendant, le gel de la valeur de la prime de panier pour les permanents.

Tels ont été les motifs de la grève, lancée par les syndicats, qui a débuté le 3 mai. La première semaine de grève a été utilisée par les grévistes à étendre la grève des grandes entreprises, où les syndicats, en particulier la CGTR, sont bien implantés, vers les petites et les moyennes. Les grévistes ont ainsi réussi par leurs interventions en groupes de plusieurs dizaines à entraîner dans la grève des chantiers qui fonctionnaient encore et à bloquer une grosse centrale à béton située dans la ville du Port.

Mais, non contents d'expliquer que la revendication des grévistes allait les mener à la faillite, les patrons du bâtiment les ont insultés. Ainsi le secrétaire général de la FRPBTP (syndicat patronal des grosses entreprises) a carrément traité les ouvriers grévistes de "soûlards" dans une interview au journal de l'île. Quant au responsable de la CAPRB (PME), il a déclaré que la revendication d'un panier à 10,47 euros était "inadmissible alors qu'un repas à emporter coûte moins de la moitié"! Pour ces habitués des restos chics, manger à la va-vite une barquette à 5 euros serait largement suffisant, alors que les ouvriers du bâtiment, payés au smic, ayant pour beaucoup un travail physiquement difficile, se lèvent souvent avant cinq heures du matin pour se rendre sur les chantiers !

Ce mépris patronal affiché et repris par la presse locale n'a fait que renforcer la détermination des grévistes à étendre leur grève et à obtenir satisfaction. La grève était reconduite pour le lundi 10.

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