Assurance-maladie : Raffarin ne désarme pas13/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1867.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Assurance-maladie : Raffarin ne désarme pas

Les pistes annoncées par Raffarin pour ce qu'il appelle "la réforme" de l'assurance-maladie ne font que confirmer qu'il s'agit, en fait de réforme, d'une attaque en règle contre les salariés. Les seules solutions envisagées pour faire face aux dépenses croissantes de santé sont de faire payer plus les assurés sociaux... sous prétexte de les "responsabiliser". Pour démontrer aux malades que les soins qu'on leur prodigue ne sont pas gratuits, il propose de leur faire donner "une pièce" pour chaque consultation! "Par exemple un euro" dit-il, mais cela pourrait être deux.

Comme si les assurés sociaux avaient le sentiment de ne pas payer pour accéder aux soins. Ils paient, et fort cher, leur assurance-maladie et leur assurance complémentaire dont les échéances ne font qu'augmenter, à mesure que la Sécurité sociale rembourse de moins en moins. Et puis le gouvernement va continuer à allonger la liste des médicaments moins ou pas du tout remboursés. Le fait qu'une "Haute autorité scientifique" soit nommée pour prendre les décisions n'est qu'un paravent. Cela donnera une apparence scientifique à des décisions guidées par des soucis comptables au détriment des malades. Mais Raffarin s'est bien gardé d'évoquer l'idée de rogner sur les profits de l'industrie pharmaceutique en l'obligeant à baisser des prix qui lui procurent de confortables bénéfices. C'est pourtant, grâce en particulier à la Sécurité sociale, une des industries les plus fructueuses !

Résultat, cela coûtera de plus en plus cher de se soigner et plus nombreux seront ceux qui renonceront à le faire devant l'importance de ce qui restera à leur charge. Quand Raffarin dit ne pas vouloir augmenter les cotisations sociales, ce sont surtout les patrons qu'il veut épargner. Il envisage de continuer à faire payer la Contribution au remboursement de la dette sociale, la CRDS, bien au-delà de 2014, date où elle devait être supprimée. Cela revient bel et bien à instituer un prélèvement supplémentaire à partir de 2014 de quelque cinq milliards d'euros par an sur les salariés, puisque ce sont eux qui payent l'essentiel de cette contribution théoriquement appliquée à tous les revenus.

Il affirme qu'il n'est "pas favorable à une augmentation de la CSG" mais il ajoute: "comme un préalable", ce qui signifie qu'il ne l'exclut pas.

Alors trop, c'est trop! Les salariés ne sont pas des vaches à lait qui doivent payer toujours et encore, alors que la part du patronat dans le financement de l'assurance-maladie ne fait que se réduire. Le Haut conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie, mis en place par le gouvernement pour préparer sa "réforme", reconnaît lui-même que depuis 1967 le taux théorique des cotisations patronales a augmenté de 30% alors que le taux de la contribution des salariés a augmenté, lui, de 79%! Et cela sans prendre en compte les quelque 20 milliards d'euros d'exonérations de charges sociales accordées au patronat chaque année.

Si les taux des cotisations patronales avaient évolué de la même façon que les prélèvements que les gouvernements ont osé imposer aux salariés, ce qui n'aurait été que justice, ce sont plus de 20 milliards d'euros supplémentaires que le patronat devrait verser aujourd'hui à l'assurance- maladie. Et alors, loin de connaître un déficit, celle-ci serait à même de faire face aux besoins. Il n'y a aucune raison que les travailleurs se laissent faire. Il faut exiger que le gouvernement relève les cotisations patronales et supprime toutes les exonérations de charges sociales dont le patronat bénéficie, au lieu de s'en prendre une fois de plus aux salariés.

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