Sanofi-Aventis : Quand les apôtres du libéralisme interviennent pour les profits de leurs amis28/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1865.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sanofi-Aventis : Quand les apôtres du libéralisme interviennent pour les profits de leurs amis

Après avoir surenchéri de la bagatelle de 6,7 milliards d'euros supplémentaires, Sanofi a finalement acheté Aventis et l'OPA jusqu'ici «hostile» est alors devenue «amicale».

Raffarin et Sarkozy s'en sont félicités. Il faut dire qu'ils n'y sont pas pour rien. Le 16 mars dernier, Raffarin invitait les deux requins de l'industrie pharmaceutique à s'entendre au nom de «l'intérêt national». Vendredi 23 avril, Sarkozy déléguait un de ses conseillers auprès de leurs PDG pour qu'ils se rencontrent au plus tôt. Le lendemain même ils se rencontraient et, le surlendemain, au terme de négociations dont bien sûr rien n'a été rendu public, l'affaire était bouclée, l'offre était réévaluée et l'accord signé. L'État a mis tout son poids dans la balance pour que le rapprochement tant attendu pour la constitution du troisième grand groupe mondial de la pharmacie se fasse entre Aventis et le français Sanofi-Synthélabo plutôt qu'avec le suisse Novartis.

Bien avant que Novartis soit sur les rangs, en janvier dernier, Chirac avait lui aussi apporté son soutien à Sanofi, déclarant qu'il fallait «favoriser ainsi la naissance de grands champions industriels européens, capables de s'imposer dans la compétition mondiale». De mauvaises langues avaient rappelé les liens d'amitié qui uniraient depuis trente ans Jean-François Dehecq, PDG de Sanofi, et Chirac.

Liliane Bettencourt, première fortune de France, était aussi montée en première ligne: «Je ne laisserai pas tomber Jean-François Dehecq». Un soutien qui s'éclaire quand on sait que cette Madame Bettencourt est la principale actionnaire de L'Oréal et que L'Oréal... est un des principaux actionnaires de Sanofi.

Les financiers, les hommes d'affaires, les gros actionnaires attendent du géant de la pharmacie qui vient de naître des profits fabuleux. Alors, leurs serviteurs au gouvernement, habituellement champions du libéralisme et adversaires de l'intervention de l'État dans les affaires privées, oublient leurs sacro-saints principes. C'est qu'il s'agit de faire fructifier encore mieux les affaires de leurs amis.

Partager