Alstom - La Courneuve (Seine-Saint-Denis) : La grève prend fin après sept semaines28/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1865.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom - La Courneuve (Seine-Saint-Denis) : La grève prend fin après sept semaines

Les travailleurs d'Alstom La Courneuve, en grève depuis le 8 mars pour s'opposer à la quasi-fermeture de l'usine, ont repris le travail sept semaines après, le lundi 26avril.

Ils avaient décidé de la reprise vendredi 23, alors qu'une réunion tripartite était organisée par la direction départementale du travail et de l'emploi à Bobigny avec les syndicats et la direction locale. Lors de cette réunion, les représentants de la direction s'engagèrent à ne prendre aucune sanction individuelle ou collective à l'encontre des grévistes. C'était l'un des points, pas le seul évidemment, auxquels ils tenaient. Quant au reclassement des 50 à 70 travailleurs encore sans solution sur les 291 suppressions d'emplois prévues, contrairement aux annonces de la presse, de la radio et de la télévision, la direction ne s'y est pas engagée formellement, elle a simplement dit en termes flous qu'elle «ferait tout pour essayer d'y parvenir», ce qui veut tout dire... ou rien.

Les grévistes ont tenu sept semaines à un peu plus de cent à La Courneuve. Les autres travailleurs de l'usine ou du groupe ne se sont pas joints à eux, malgré leurs tentatives pour populariser et étendre la grève et la sympathie qui s'exprimait à leur égard. Mais à cent, ils ont imposé des reculs à la direction.

Dès la deuxième semaine de grève, les mesures d'âge sont passées de 57 ans à 55 ans pour tous les travailleurs du groupe concernés par le plan Kron, le PDG d'Alstom. Les revenus des bénéficiaires avoisineront 80 à 90% du salaire net jusqu'à l'âge de la retraite. De plus, à La Courneuve, ces mesures d'âge seront étendues aux autres établissements du site, ce qui libérera des emplois et permettra des reclassements pour les moins de 55 ans dont l'emploi est supprimé.

Dans les projets de la direction, l'usine de La Courneuve devait disparaître. Elle subsistera au travers d'une extension de l'activité après-vente, ce qui devrait permettre des reclassements en plus grand nombre.

Ainsi, de recul en recul, difficilement arrachés à la direction qui a attendu six semaines pour commencer à discuter avec les grévistes, il reste à La Courneuve 50 à 70 travailleurs dont l'emploi n'est pas garanti par un engagement de la direction. C'est dans ces conditions que la reprise a été votée, le piquet de grève levé, avec le sentiment de ne pas avoir complètement réussi.

Au nombre qu'ils étaient, les grévistes ont défié la direction d'un groupe industriel parmi les plus importants du pays. Un groupe que les PDG successifs, les Tchuruk, Suard, Bilger, ont mené à la situation financière d'aujourd'hui, situation que le dernier PDG en date, Patrick Kron, prétend vouloir redresser sur le dos des travailleurs. Ces gens-là n'assument pas les conséquences de leur gestion, il les font payer aux salariés. Alstom a obtenu, il y a quelques mois, une première aide de l'État d'une valeur de 3,2 milliards d'euros, et tout récemment, Sarkozy s'est dit prêt à remettre la main à la poche. Mais rien ne concerne le sort des travailleurs menacés d'être privés d'emploi et de ressources. Pour ces gens-là, «le redressement du groupe», c'est uniquement celui des actionnaires et des banquiers.

C'est aussi contre cela que les travailleurs se sont dressés. Un sentiment de fierté les animait lundi matin 26 avril à la reprise du travail. Il sont passés se saluer mutuellement avant de rejoindre leur poste à l'atelier ou au bureau. Et la maîtrise s'est tenue prudemment à distance.

Durant ces sept semaines de conflit au coude à coude, ils ont appris à se connaître, se découvrant parfois dans les bons et les moins bons moments.

Le lundi midi, alors que la cantine ne refonctionnait pas encore, des repas ont été livrés aux ex-grévistes par la municipalité PCF de La Courneuve, comme elle l'a fait durant plusieurs semaines pendant la grève. Ce repas pris tous ensemble dans un local du CE a prolongé l'esprit de la grève. Quand ceux des bureaux sont arrivés, ils ont été applaudis par ceux des ateliers. Comme pendant la grève, il y a eu des prises de parole et des applaudissements, des discussions parfois animées; bref les liens créés par la grève sont bien solides.

Cette ambiance est de bon augure pour continuer à faire pression sur la direction quand viendra le règlement des cas individuels restés en suspens. Ces sept semaines-là restent des moments formidables pour tous.

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