Parlement européen : Crise du café22/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1864.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Parlement européen : Crise du café

Face aux trusts,l'Union européenne étale son impuissance

Depuis 1989, le marché mondial du café n'est plus réglementé. Du coup, des millions de petits producteurs ont fait faillite. En une dizaine d'années, leurs revenus se sont effondrés, passant de 12 à 5 milliards de dollars. En revanche, les multinationales qui commercialisent le café, quatre au total, ont vu leurs profits s'envoler: ils atteignent 60 milliards de dollars. Le 10 avril dernier, les parlementaires européens ont abordé cette question. Une députée européenne de Lutte Ouvrière, Chantal Cauquil, a eu ainsi l'occasion de dénoncer les conséquences pour les petits producteurs de la crise du marché international du café.

«Toutes les tendances du Parlement constatent la gravité de l'effondrement des prix du café sur le marché international. Comment ne pas le constater, puisqu'il s'agit des prix les plus bas en termes réels jamais enregistrés depuis un siècle? (...) Mais en même temps, tous lèvent les bras au ciel en signe d'impuissance. (...)

Or quatre trusts internationaux (Nestlé, Kraft, Sarah Lee, Procter & Gamble) contrôlent la moitié des ventes de café dans le monde. Ce qui signifie, en clair, que ce sont ces quatre trusts qui définissent les prix. Ce sont eux qui, pour réaliser des profits sans cesse plus élevés, abaissent les prix payés aux producteurs. Pour distribuer plus de dividendes à leurs actionnaires, ils font le malheur de dizaines de pays pauvres et de dizaines de millions de paysans et leurs familles.

Face à ces quatre trusts, le Parlement européen comme les chefs d'État en sont réduits à l'impuissance et se contentent, au mieux, d'évoquer la charité. Pourtant, la résolution commune ose conseiller d'«affermir le pouvoir des producteurs de café sur le marché». Comme si le paysan pauvre du Rwanda, d'Éthiopie ou d'Haïti pouvait, lui, ce que le Parlement européen n'ose pas faire: s'opposer à Nestlé et ses semblables! Si ce n'est pas du cynisme, c'est quoi?

Le simple fait que la résolution commune mentionne les quatre trusts du café, responsables des baisses de prix, donne des boutons aux représentants de la droite libérale, au point qu'ils demandent la suppression du paragraphe qui les cite. «Cachez donc ces trusts que je ne saurais voir». Que de Tartuffes dans ce Parlement!

Et ce qui est vrai pour le café est vrai pour les autres matières premières, à commencer par le pétrole. Ceux qui bombardent l'Irak en tuant des civils, des femmes et des enfants, prétendent qu'ils le font pour libérer l'Irak de son dictateur. (...)

Pour mettre fin au pillage de la planète afin d'enrichir quelques trusts, pour mettre fin aux inégalités extravagantes entre les riches des pays riches et les pauvres des pays pauvres, pour empêcher que l'on assassine les pauvres, en les affamant ou en les massacrant dans des guerres faites pour protéger cette situation, il n'y a rien, mais absolument rien d'autre à faire que de mettre fin au système économique international.»

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