Maisons de retraite de Chelles : Privé... de scrupules22/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1864.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Maisons de retraite de Chelles : Privé... de scrupules

La propriétaire d'une maison de retraite de Chelles, en région parisienne, vient d'être mise en examen et incarcérée pour «traitements indignes» envers ses pensionnaires.

Cet établissement privé et non conventionné, qui hébergeait une vingtaine de personnes dont une moitié totalement dépendantes, ne comptait ni aide-soignante, ni infirmière à plein temps; c'est la femme de ménage qui se chargeait de distribuer les médicaments. Quant au suivi médical, il était quasi inexistant et seul un médecin de ville se rendait une fois par semaine dans l'établissement.

Et tout le reste était à l'avenant: aliments périmés depuis longtemps, manque d'hygiène, pensionnaires livrés à eux-mêmes sans animation, équipements obsolètes, etc. Ce qui n'empêchait pas la propriétaire de pratiquer des tarifs de plus de 1500 euros par mois.

La révélation de cette situation a choqué, d'autant qu'à plusieurs reprises le fonctionnement pour le moins anormal de cet établissement avait été dénoncé aux services publics, sans que cela soit suivi d'effet.

Une telle situation n'est pourtant ni une première, ni un cas isolé. À son arrivée au gouvernement, le secrétaire d'État aux Personnes âgées estimait d'ailleurs à 200000 le nombre de lits «indignes», sur les 600000 offerts par les 10500 institutions accueillant des personnes âgées, avant de reprendre le chiffre de 5% cité par les représentants des maisons de retraite eux-mêmes. Cette situation est également encouragée par le manque de contrôle: si les établissements conventionnés -qui bénéficient de fonds publics- doivent répondre à des normes strictes, les établissements privés à but lucratif subissent moins de contraintes, notamment en termes de personnel et de soins. Par ailleurs, compte tenu du nombre insuffisant d'inspecteurs des affaires sanitaires et sociales, chaque établissement n'est susceptible d'être contrôlé que tous les seize ans!

C'est en quelque sorte la rançon des scandaleuses carences de l'État: le sous-équipement en structures d'accueil publiques laisse libre cours aux agissements de propriétaires privés, qui investissent dans l'hébergement des personnes âgées comme dans n'importe quelle autre activité, dans le seul but de faire du profit. Et pour y arriver, certains n'hésitent pas à abuser de la faiblesse de leurs pensionnaires -et des familles qui n'ont souvent guère le choix, vu le manque d'infrastructures- pour leur imposer des soins au rabais et des conditions de vie indignes.

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