Intermittents22/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1864.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Intermittents

Ne pas payer pour les grandes maisons de production

Lundi 19 janvier, plusieurs milliers d'intermittents du spectacle ont manifesté à Paris et en province pour protester contre le nouveau protocole, en vigueur depuis le 1er janvier, qui restreint leurs droits aux allocations chômage. Le soir, la grève des techniciens du Théâtre des Champs-Élysées, solidaires de leur lutte, a bousculé le ronron de la cérémonie des «Molières». Si rien ne change dans la réforme de leur assurance-chômage, les intermittents prévoient de reprendre des actions pendant les festivals d'été, comme ils l'avaient fait en 2003. Déjà, le festival de Bourges qui débute en ce moment et celui de Cannes, dans quelques semaines, pourraient être des cibles pour leur mobilisation.

La coordination mise en place par les intermittents demande que l'on revienne au statut antérieur: 507 heures de travail sur douze mois pour être indemnisé, et non dix mois pour les techniciens, dix mois et demi pour les artistes. Ils protestent aussi contre la réduction de la durée pendant laquelle ils perçoivent des allocations chômage (huit mois au lieu de douze) et de la pénalité supplémentaire que subissent les malades ou les femmes enceintes à cause du nouveau mode de calcul des heures travaillées.

Face à la mobilisation des intermittents du spectacle qui ne faiblit pas, le nouveau ministre de la Culture, Donnedieu de Vabres, s'est déclaré partisan d'apporter au nouveau protocole «les correctifs et ajustements nécessaires», tout en soulignant qu'il n'avait pas à se substituer aux partenaires sociaux -en l'occurrence le Medef et la CFDT qui avaient signé l'accord portant sur la réforme de l'Unedic. Pour justifier cet accord, l'Unedic annonçait un déficit de 830 millions d'euros pour le régime des intermittents, qu'il fallait bien combler, et pointait aussi du doigt ceux qui auraient soi-disant «profité» de ce statut particulier pour toucher indûment des indemnités.

Mais s'il y a abus, ils ne sont pas le fait des intermittents du spectacle. Les abus sont à chercher du côté des grosses maisons de production, à commencer par les chaînes publiques de télévision qui, par exemple, emploient des techniciens à temps plein en ne les déclarant que le nombre d'heures nécessaires pour que l'Unedic prenne le relais. Depuis un an que les intermittents sont en lutte, tout le monde dénonce ces pratiques, à commencer par les intermittents eux-mêmes. Même un Chirac ou un Bayrou ont protesté contre cet état de fait.

En janvier 2004, un rapport commandé par Aillagon, alors ministre de la Culture, établissait que pour l'audiovisuel public le recours à l'intermittence représente plus de 20% en moyenne, avec plus de 50% pour France 2, et 44% pour les antennes régionales de France3. Mais rien n'a été fait de ce côté par les pouvoirs publics pour assainir cette situation. Cela est pourtant du ressort d'un ministre de la Culture. Alors, avant de convoquer les «partenaires sociaux», comme il le dit, pour discuter du régime des intermittents, Donnedieu de Vabres devrait plutôt commencer par balayer devant sa porte.

Partager