Budget de la Sécu : Parle à mon instance, ma tête est malade22/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1864.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Budget de la Sécu : Parle à mon instance, ma tête est malade

Le nouveau ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, s'est engagé dans une série de rencontres avec les syndicats, les organismes patronaux et les professionnels de la santé pour, dit-il, discuter de la mise au point d'une nouvelle organisation de la Sécurité sociale. Il envisagerait de créer une instance regroupant tous ces protagonistes qui prendraient la responsabilité de la gestion de la Sécu. Mais qui aurait surtout pour tâche de cautionner les mesures d'économie qui se préparent.

C'est que la quasi-totalité des interlocuteurs de Douste-Blazy, y compris les directions des syndicats de salariés, admettent que, la Sécu étant en déficit, il va falloir en réformer -le mot est à la mode- le financement. Gouvernement et patronat annoncent déjà leurs intentions: augmenter la CSG (et sa petite soeur, la CRDS, contribution au remboursement de la dette sociale, qui augmenterait, au lieu de disparaître comme il était prévu au départ) tout en continuant à réduire les remboursements médicaux.

Même la CGT, qui fait campagne pour la défense de la Sécu et fait circuler une pétition intitulée «Pour la santé, la Sécu c'est vital», parle de la nécessité d'une «vraie négociation» et explique en termes généraux que «ce qui est pris en charge par la Sécu n'est pas immuable». Pour combler le déficit de la Sécu, elle propose entre autres de moduler les exonérations de charges patronales en fonction de la politique d'investissement des entreprises, ou de soumettre à cotisations l'intéressement et la participation, qui y échappent jusqu'à présent. Elle évoque aussi d'autres mesures, comme mettre à contribution les placements financiers des entreprises, mais tout cela serait soumis à négociation.

Depuis des années, sous ce même prétexte d'augmentation des dépenses de santé, les gouvernements successifs ont réduit les remboursements, diminué les budgets des hôpitaux, les salaires du personnel de santé. Ils ont mis en place des limitations arbitraires et scandaleuses à la quantité de soins dispensés, fermé des lits d'hôpital et des structures de proximité. Et c'est ce qu'ils veulent aggraver demain, via cette nouvelle instance.

Il faudrait procéder à l'inverse! Les premières décisions qu'il faudrait prendre concernant les problèmes de santé seraient d'y consacrer, dès maintenant, les sommes nécessaires pour améliorer les soins, embaucher les personnels nécessaires, les médecins et les infirmières, les personnels administratifs et techniques, et leur

payer des salaires décents, augmenter les budgets consacrés au matériel médical et aux investissements lourds, ainsi qu'à la construction (ou à la réouverture) d'hôpitaux, de maternités, indispensables à la santé de la population. Car le fait qu'on puisse mieux soigner les maladies, grâce au progrès, ne doit pas être considéré comme une calamité, parce qu'elle coûte, mais comme un bienfait.

D'autant qu'il n'y aurait aucune difficulté à trouver l'argent pour financer. Il suffirait d'y consacrer une part des biens que produit notre société, prendre sur les richesses produites par les entreprises pour financer non seulement ces 10 milliards d'euros que l'on présente comme «le déficit de la Sécu», mais toutes les dépenses nécessaires pour que chacun accède à une santé efficace.

Une nouvelle instance, dans laquelle siégeraient côte à côte syndicats, patrons et professionnels de santé, n'est pas mise en place pour agir en ce sens, c'est évident.

Dans les semaines à venir, les salariés devront se battre pour défendre la Sécu, c'est-à-dire ce droit fondamental pour tous d'être admis pleinement aux soins les meilleurs, quel qu'en soit le coût.

Partager