Alstom (La Courneuve, 93) : Septième semaine de grève contre les licenciements22/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1864.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom (La Courneuve, 93) : Septième semaine de grève contre les licenciements

Lundi 19 avril, les travailleurs d'Alstom La Courneuve (Seine-Saint-Denis) entamaient leur septième semaine de grève, commencée le 8 mars, pour obtenir qu'aucune des 291 suppressions d'emplois prévues par la direction d'Alstom-Power, dont ils dépendent, ne se traduise par un licenciement sec.

Ce même jour, la direction avait assigné 85 grévistes devant le tribunal de grande instance de Bobigny pour tenter d'obtenir la levée du piquet de grève. Les grévistes s'y sont rendus en manifestation depuis la Bourse du travail et si le parcours était court, les voix étaient fortes pour crier, entre autres slogans, «Alstom en justice, pas les salariés!»

D'un ton arrogant l'avocat de la direction a décrit la dette «abyssale» -le mot est à la mode- d'Alstom, accusant presque les travailleurs, et surtout ceux qui sont en grève, d'en être responsables ou de l'aggraver. Il a dénoncé les graves «atteintes à la liberté du travail» auxquelles se livrait le piquet de grève, exigeant «l'expulsion des grévistes». Il a osé réclamer 150 euros d'astreinte par jour et par gréviste si le blocage continuait. La juge, après avoir écouté l'avocate représentant les travailleurs et la CGT, a repris le représentant de la direction plusieurs fois, lui rappelant que, si le piquet de grève n'était pas autorisé, la grève l'était et qu'il n'était nullement question d'expulser les grévistes mais de «laisser un passage» à ceux qui souhaiteraient travailler. Le secrétaire de la CGT a fait remarquer qu'aucun travailleur ne s'était présenté à la porte ce matin-là, pas plus que les autres jours d'ailleurs, personne n'avait donc été «empêché de travailler».

L'avocate des travailleurs a rappelé qu'on ne faisait pas sept semaines de grève pour rien, que la moyenne d'âge de ceux qui risquent de rester sur le carreau est de 49 ans et que la direction s'était refusée pendant cinq semaines à toute discussion avec les grévistes. Elle a aussi demandé à la juge de ne pas accéder à la demande d'astreinte de 150 euros par jour à des travailleurs qui ne perçoivent plus de salaire depuis le 8 mars.

Au grand dam de la direction, la juge a remis sa décision au vendredi 23 avril au matin, légitimant de fait, l'existence du piquet de grève jusque-là.

Les deux représentants de la direction faisaient grise mine, tandis que les travailleurs affichaient de larges sourires.

La direction a enfin entamé, la semaine dernière, des discussions avec les représentants syndicaux de La Courneuve mais il n'en est pas sorti grand-chose de nouveau pour le moment. Le long compte-rendu de ces discussions est vide de tout engagement de la part de la direction sur le sort réservé aux 50 à 70 travailleurs sans solution, et sur l'absence de sanction pour fait de grève. Les discussions ont repris mardi 20 avril après le jugement. La direction a sorti un «résumé» du document précédent tout aussi flou que l'original et pas plus acceptable par les grévistes.

Mercredi matin les travailleurs ont reconduit la grève en attendant ce qui sortira des nouvelles réunions qui doivent avoir lieu, entre la direction générale et les organisations syndicales.

Sarkozy, en visite chez Alstom La Rochelle, s'est déclaré soucieux du sort des travailleurs. Il a fait, lui aussi, des effets de manches en jouant les défenseurs des salariés. Mais l'État s'est montré plus soucieux jusqu'ici des intérêts de la direction à laquelle il a versé 3,2 milliards d'euros d'aides pour se «redresser», que du sort réservé aux travailleurs.

Le seul engagement que Sarkozy ait pris, c'est une nouvelle fois à l'égard du PDG, Patrick Kron, et des actionnaires d'Alstom, ce qui n'est pas pour nous étonner.

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