Seule la lutte collective arrêtera les attaques du patronat et du gouvernement08/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Seule la lutte collective arrêtera les attaques du patronat et du gouvernement

Du discours de Raffarin devant le Parlement le 5 avril, aussi verbeux que vide, il ressort surtout qu'il est fier de sa politique passée et qu'il continuera à "garder le cap des réformes". Les victimes de ses "réformes", les retraités, les chômeurs, sont conviées à abandonner leur pessimisme. Ceux qui sont tombés dans la misère se voient promettre une "haute Autorité". Le mépris des hommes de paille du grand patronat pour la population est sans limite.

Après la démolition des retraites, c'est au tour de l'assurance-maladie. On nous explique depuis des années que cela est une nécessité, qu'on ne peut pas faire autrement. C'est un mensonge. Si l'assurance-maladie est en déficit, c'est à cause du chômage et des cotisations en moins, mais aussi en raison des exonérations de charges sociales patronales qui ne sont que partiellement remboursées par l'État.

Pourquoi serait-ce aux travailleurs de payer ce déficit, eux qui ne sont en rien responsables du chômage? Pourquoi diminuer les remboursements de médicaments? Pourquoi augmenter la CSG qui amputera encore le pouvoir d'achat des classes populaires? Pourquoi n'est-ce pas les cotisations patronales qui sont augmentées?

Résorber le déficit de la Sécurité sociale au détriment des travailleurs, et non pas en faisant payer les revenus du capital, n'est pas une nécessité. C'est un choix. Le gouvernement exécute servilement ce que lui demande le grand patronat. Mais il faut remarquer que si la gauche attaque le gouvernement sur ses méthodes, elle prétend aussi que les "réformes" sont nécessaires. Ce qui signifie que, si elle revenait au gouvernement, elle ferait peut-être autrement dans les nuances mais elle ferait quand même ce que fait aujourd'hui la droite.

Le résultat de la politique menée depuis deux ans par la droite, mais qui est dans la droite ligne de celles du gouvernement Jospin, c'est la dégradation générale des conditions d'existence du monde du travail. Dans ce pays riche qu'est la France, on compte aujourd'hui officiellement près de 4 millions d'individus qui vivent sous le seuil de pauvreté. C'est vivre avec moins de 579 euros (3800 francs) par mois pour une personne seule. Il y a bien sûr, parmi eux, un grand nombre de chômeurs, mais pas seulement. De plus en plus nombreux sont celles et ceux qui, tout en travaillant, ne trouvent que des emplois précaires, avec des salaires en conséquence, et que le travail ne sauve nullement de la pauvreté.

C'est une situation révoltante dans un pays où les entreprises affichent des profits élevés, où tous ceux qui vivent du revenu de leur capital engrangent des dividendes en hausse et où des sommes fantastiques sont gaspillées dans toutes sortes de spéculations, de rachats d'entreprises les unes par les autres.

C'est révoltant mais on ne peut pas compter sur les gouvernements qui se succèdent pour protéger le monde du travail.

Les travailleurs ne peuvent et ne doivent pas attendre les futures élections, dans trois ans. Pas seulement parce qu'en trois ans ceux qui sont au bord de la noyade seront noyés, mais parce que ces élections changeront au mieux la majorité et le gouvernement, mais pas vraiment la politique.

Il faut que nous nous défendions nous-mêmes, en utilisant les armes qui sont les nôtres, les grèves, les manifestations et la mobilisation d'une ampleur telle que cela fasse peur aussi bien au patronat qu'au gouvernement.

Au lendemain du désaveu électoral du gouvernement, les confédérations syndicales ont un peu élevé la voix, mais ô combien peu. Mais il faut faire pression sur les syndicats pour qu'au lieu de proposer des journées d'action séparées, qui divisent les travailleurs, qui séparent les catégories les unes des autres, ils proposent une mobilisation d'ensemble. Toutes les catégories de travailleurs sont menacées par des licenciements, toutes auront à subir, si on laisse faire, les attaques contre l'assurance-maladie.

Il faut au moins arrêter l'offensive, et ce n'est pas avec les bulletins de vote que nous le ferons.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 5 avril 2004

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