Dans son discours de politique générale, Raffarin a annoncé une augmentation du pouvoir d'achat du smic de 3,7% au 1er juillet 2004 et à nouveau au 1er juillet 2005. Voilà qui est loin d'être une décision nouvelle du gouvernement Raffarin III, comme cela est suggéré, puisqu'il s'agit tout simplement d'appliquer la loi de janvier 2003 qui vise à un alignement des six différents smic existants. Et surtout, cette mesure est loin d'impliquer une amélioration du pouvoir d'achat de l'ensemble des salariés et même de l'ensemble des salariés payés au smic.

En effet, seuls un peu moins de la moitié des smicards auront droit à ce coup de pouce de 3,7%. Ceux qui sont passés aux 35 heures, et qui représentent la majorité, auront droit à des augmentations dégressives selon la date de la mise en place des 35heures dans leur entreprise. Elles s'échelonneront de 1,6% à 0%, dans les entreprises les plus récemment passées aux 35 heures. Environ un tiers des smicards ne bénéficieront que de 0,6% ou moins.

L'augmentation du pouvoir d'achat que ces coups de pouce sont censés représenter est d'autant plus théorique que l'augmentation à laquelle ils s'ajoutent, et qui est censée, elle, tenir compte de l'augmentation des prix, n'en tient compte que bien imparfaitement. Il s'agit en effet de l'indice des prix hors tabac calculé pour les ménages ouvriers et employés. Cet indice étant concocté pour minimiser les hausses réelles des prix, les coups de pouce du gouvernement compenseront tout au plus en partie les augmentations du coût de la vie que l'indice ne prend pas en compte.

Cela signifie que la politique dite sociale du gouvernement se traduit en fait par une stagnation, voire une diminution, du pouvoir d'achat d'une grande partie des smicards. Et ça n'empêche pas Raffarin de prétendre que "le smic progresse plus vite qu'il n'a jamais progressé depuis 20 ans"!