Le chef de la police congolaise remis en liberté : L'État français, soutien des dictatures africaines08/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le chef de la police congolaise remis en liberté : L'État français, soutien des dictatures africaines

Le chef de la police congolaise, Jean-françois N'Dengue, interpellé en France le 1er avril et mis en examen pour "crimes contre l'humanité" après la disparition en 1999 de 350 réfugiés congolais, a été remis en liberté dans la nuit du 2 au 3 avril. Cette décision a soulevé la colère des associations de défense des droits de l'homme qui s'élèvent contre la "duplicité de l'État français".

"Jean-François N'Dengue s'est enfui avec la complicité des autorités françaises", proteste un avocat de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) qui, avec la Ligue française des droits de l'homme et l'Observatoire congolais des droits de l'homme ont déposé une plainte en décembre 2001 contre N'Dengue ainsi que contre le président congolais, Sassou Nguesso, le ministre de l'Intérieur Pierre Oba, et le commandant de la Garde Républicaine, Blaise Adoua. Plus de deux ans auparavant en effet, en 1999, des centaines de rescapés congolais qui fuyaient la guerre civile, et qui avaient trouvé refuge dans l'ex-Zaïre voisin, durent regagner de force Brazzaville. À leur arrivée, beaucoup furent arrêtés par les forces de sécurité du président Sassou Nguesso, et sont depuis lors portés disparus. Des témoins rescapés racontèrent plus tard qu'ils avaient été torturés, puis en majorité exécutés. Le chef de la police, N'Dengue, aurait supervisé les opérations.

On comprend l'indignation des victimes, à la nouvelle de la libération du chef de la police, qui s'est faite immédiatement à la suite d'une réunion convoquée par le parquet, samedi 3 avril à... 2heures du matin! Comme le souligne Patrick Baudouin, l'avocat de la FIDH, "L'État congolais exerce des pressions très fortes, auxquelles les autorités françaises donnent le sentiment de céder". C'est le moins qu'on puisse dire!

Sassou Ngusesso, l'actuel président du Congo, considéré également comme responsable dans les massacres de 1999, est le protégé de Matignon. En 2002, le gouvernement français n'avait pas ménagé ses efforts pour qu'il soit élu, en lui apportant son soutien militaire et financier. Il faut dire qu'il a été aussi le "protégé" de TotalFinaElf, qui l'avait soutenu par exemple en 1997 lors d'une insurrection militaire qui déclencha une énième guerre civile. TotalFinaElf agissait ainsi au gré de ses intérêts, comme elle agit pour toutes les parties en conflit au Congo Brazzaville. Cela dure depuis une trentaine d'années, c'est-à-dire depuis la découverte de pétrole dans ce pays, où elle possède aujourd'hui près de 500 puits d'où elle tire 12% de sa production. La compagnie pétrolière française s'était vu accusée elle-même par la suite (en 2001) de "crimes contre l'humanité" par un tribunal de Bruxelles pour des massacres commis durant cette guerre civile, avec l'aide d'armes qu'elle avaient acheminées.

L'État français a toujours fermé les yeux sur les massacres perpétrés par les dictatures africaines qu'elle soutient afin de préserver les intérêts des grandes sociétés françaises dans ces pays. Rien d'étonnant à ce qu'il ait libéré l'homme de main d'un régime aussi ami des intérêts des grandes sociétés françaises.

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