Douste-Blazy : Pour démanteler la Sécurité sociale, un ministre chasse l'autre08/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Douste-Blazy : Pour démanteler la Sécurité sociale, un ministre chasse l'autre

Le "nouveau" ministre de la Santé, Douste-Blazy, qui avait déjà occupé ce poste dans le gouvernement Balladur, a dit sans rire que sa mission est de "garantir également un accès aux soins de qualité", quels que soient les revenus, et de "mener une politique énergique de réduction des inégalités" entre les régions.

Même s'il n'a pas précisé quelles mesures il prépare, son orientation se situe dans la continuité de ses prédécesseurs, dans l'esprit de la réforme que tout ce beau monde, de droite ou de gauche, nous présente comme inévitable. Une réforme qui vise à réduire la couverture des soins et prestations.

Il faut, explique Douste-Blazy, "trouver de nouvelles manières d'organiser la négociation sur les remboursements entre (...) les caisses de l'assurance-maladie, les mutuelles et les professionnels de santé". Pour les médicaments, il s'agit de "remettre les choses à plat" car, selon lui, il y aurait d'un côté les anticancéreux, "très performants mais très chers", de l'autre "des médicaments dont l'efficacité reste à démontrer". Le ministre se garde de préciser s'il va s'attaquer aux remboursement des uns, des autres... ou de tous à la fois.

Douste-Blazy écarte une nouvelle augmentation des cotisations et de la CSG... pour le moment, expliquant que la baisse des remboursements aurait pour but d'empêcher de recourir à une nouvelle hausse des prélèvements. Air connu, qui n'a jamais empêché les gouvernements d'attaquer sur les deux fronts. Et c'est bien ce que compte faire Chirac.

Raffarin renonce, a-t-il dit, à faire passer son plan par une simple ordonnance, avec l'intention à peine cachée d'y parvenir autrement. Son ministre de la Santé annonce qu'il continuera la consultation avec le "Haut comité pour l'assurance-maladie", méthode qui ressemble à la façon dont le gouvernement précédent s'y était pris pour s'attaquer aux retraites. À défaut de convaincre ceux qui vont faire les frais des projets contre la Sécurité sociale, le ministre va faire discuter les syndicats et les mutuelles siégeant dans ce Haut comité. On l'a vu sur les retraites, même si tous les syndicats ne se montrent pas aussi coopérants que la CFDT, aucun ne remet en cause la nécessité de prétendues "réformes". Ils présentent, sous des formes variables, comme une nécessité le partage des sacrifices entre assurés et... salariés! Il faudrait agir à l'opposé et supprimer les exonérations patronales qui grèvent le budget de l'État, mais aussi directement celui de la Sécurité sociale.

Douste-Blazy écarte de telles mesures, et on voit mal ce qui peut le distinguer de ses prédécesseurs. Si un concours de faux-jetons était lancé, peut-être remporterait-il la palme. "Une privatisation de la Sécurité sociale se ferait sans moi", a déclaré en effet Douste-Blazy. Mais la réduction des remboursements ou l'augmentation récente du forfait hospitalier sont déjà pain bénit pour les assurances privées qui proposent, à ceux qui en ont les moyens, des assurances complémentaires pour combler les défaillances de la Sécurité sociale. Si ce n'est pas privatiser la Sécu, c'est que les mots ne veulent plus rien dire!

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