Elections régionales - Les résultats du PCF : Sans changement, comme sa politique24/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1860.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Elections régionales - Les résultats du PCF : Sans changement, comme sa politique

La presse et les sondeurs avaient tant prédit que le PCF aurait du mal à dépasser la barre de 5% que le fait qu'il ait réussi à franchir ce seuil, dans quelques endroits, sans le PS, a été accueilli comme une surprise.

Notons cependant que le PCF ne se présentait seul, ou en alliance avec les radicaux de gauche (PRG) et les chevènementistes (MDC), que dans huit régions. Et sur ces régions, il dépasse tout juste la barre des 10% dans deux d'entre elles: le Nord-Pas-de-Calais (10,68%) et la Picardie, où la liste conduite par Maxime Gremetz obtient 10,86%. Ses résultats se situent entre 5% et 10% dans trois autres régions. C'est le cas en Corse, où il obtient 6,62%. C'est également le cas en Auvergne (9,2%) et en Ile-de-France, où Marie-George Buffet recueille 7,2% des suffrages, avec 14,31% en Seine-Saint-Denis et 10,43% dans le Val-de-Marne, deux départements dans lesquels le PCF est majoritaire aux Conseils généraux et dirige plusieurs dizaines de municipalités. Dans les trois autres régions, l'Alsace, l'Aquitaine, la Franche-Comté, ses listes n'atteignent pas 5%. Quant aux 14 autres régions de la France continentale, il n'est pas possible de discerner l'influence électorale du PCF de celle de ses alliés, puisqu'ils se présentaient sur une liste commune.

Il est tout aussi difficile de comparer les scores du PCF en 2004 à ceux des élections régionales précédentes, puisqu'en mars 1998, il s'était présenté dans la presque totalité des départements sur des listes communes à l'ensemble de la gauche plurielle. Dans les quelques départements où le PCF se présentait sans être allié au PS (on pouvait alors présenter des listes différentes par département, sans être obligé d'avoir une liste dans tous les départements de la région), il faisait un meilleur résultat que lors de ce scrutin de dimanche 21 mars. Notamment dans le Pas-de-Calais où il obtenait 11,4% des voix en 1998, en alliance avec les chevènementistes, contre 9,71% en 2004, ou encore en Gironde où, en 1998, sa liste recueillait 7,23% des suffrages, contre 3,65% cette fois.

Reste la comparaison avec les résultats de l'élection présidentielle de 2002. Le candidat du PCF, Robert Hue, y avait recueilli 3,37% des suffrages. Mais les situations ne sont pas comparables. Les résultats de Hue en 2002 étaient un reflet de l'opinion. En tirer la conclusion que le PCF en était à son dernier souffle, ce que beaucoup s'étaient empressés de dire, c'était faire fi des racines qu'il a encore dans la population, au travers d'une implantation qui se comptait, et se compte encore, par la présence de dizaines de milliers de militants et de sympathisants dans les quartiers. Elle se compte aussi et surtout par la présence de milliers de militants dans les entreprises, qui restent, bon an mal an, fidèles à ce parti.

Les résultats de la présente élection régionale, pour limités qu'ils soient du fait de la faiblesse de l'apparition autonome du PCF lors de ce premier tour, constituent un meilleur reflet de l'influence réelle du PCF qui, soulignons- le, reste toujours un parti lié, concrètement, humainement, à la classe ouvrière et à la population laborieuse, pas seulement par de vagues références symboliques, mais par la présence de militants en chair et en os.

Si ceux-ci se sentent revigorés par ce résultat obtenu à ces élections régionales, après l'échec de la présidentielle, c'est compréhensible et cela peut même se révéler positif si ces militants regagnent un moral perdu en 2002. A condition toutefois que cela serve au combat de classe.

Malheureusement, les perspectives que propose la direction du PCF ne vont pas dans ce sens. «L'autonomie» dans huit régions sur les vingt-deux que compte la métropole n'aura duré que le temps d'un tour de scrutin. Pour le second, il se retrouve dans le rôle qu'il a adopté depuis 1981, presque sans interruption: à la remorque du PS, à la traîne des Strauss-Kahn, des Fabius, des Hollande. Marie-George Buffet essaie de convaincre que c'est pour «faire bouger la gauche», pour tenter de la «révolutionner de l'intérieur». Derrière ces formules maintes fois entendues, on se retrouve dans une situation déjà pratiquée, avec le triste bilan que l'on sait.

Renouveler l'expérience, c'est entraîner de nouveau les travailleurs et les militants du PCF dans une même impasse. C'est demander aux travailleurs de signer un chèque que l'on sait sans provision.

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