Autriche : Démagogie de bas étage24/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1860.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Autriche : Démagogie de bas étage

Comme dans les autres pays européens, l'actuel gouvernement autrichien de Schüssel mène une offensive tous azimuts contre le monde du travail ou encore les étudiants, s'attaquant aux droits des fonctionnaires ou aux retraites, avec toute l'arrogance que ces gens-là peuvent avoir, bousculant au passage les tendances au compromis, le prétendu «partenariat social», qui caractérisait la vie sociale autrichienne.

Haider, qui ne peut pas faire oublier qu'il y a encore des ministres de son parti, le FPÖ, au gouvernement, tente d'exploiter le désarroi d'une partie de l'électorat populaire en expliquant à qui veut l'entendre que les attaques du gouvernement de Vienne sont les conséquences des décisions politiques de Bruxelles. Il prône un retour à la mythique neutralité de l'Autriche par une sortie de la Communauté européenne, accusée par ailleurs de favoriser l'immigration. Le discours xénophobe de Haider, anti-Slaves et anti-Turcs, s'amplifie à la veille de l'élargissement de l'Europe à certains pays de l'Est et, plus tard, à la Turquie proche. La Carinthie est d'ailleurs frontalière avec la Slovénie, ex-province de la Yougoslavie.

Quant aux socialistes, ils n'ont pas grand-chose à proposer à une classe ouvrière qui a pourtant récemment montré sa capacité à se mobiliser pour se défendre: en novembre dernier, une grève de plusieurs jours contre la menace de privatisation dans les transports avait paralysé le pays et faisait reculer le gouvernement. En mai 2003, les manifestations syndicales organisées au moment d'une grève générale d'un jour, du jamais vu depuis 1945, en riposte au projet de Schüssel contre les retraites des salariés, avaient totalisé un nombre de participants record, un million de grévistes, du jamais vu en Autriche!

Mais depuis, plus rien: la seule politique que proposent les socialistes, c'est d'attendre les prochaines échéances nationales. Et si d'ici là ils peuvent grappiller quelques strapontins régionaux, y compris en s'alliant à Haider et à sa démagogie nauséabonde, cela ne les arrête pas.

Il y a encore quelques jours, le leader social-démocrate Gusenbauer, pas du tout gêné, répétait qu'il n'excluait pas de collaborer au niveau national avec Haider. Avec en ligne de mire les prochaines élections législatives, dans deux ans Gusenbauer se voit sans doute en chancelier... quitte à être élu avec le soutien du parti de Haider!

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