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Dans le monde

Antilles-Guyane

Fin de la grève des banques,les grévistes ont fait reculer l'AFB

Après douze semaines de grève, la détermination des grévistes des banques en Guyane, Martinique et Guadeloupe, a payé. Ainsi un accord favorable aux grévistes a été signé le 12 mars, sous l'égide du directeur du Travail entre l'AFB (Association Française des Banques) et les grévistes des banques affiliées à celle-ci (BNP, BFC, SGBA et BDAF).

Rappelons que la cause principale de la grève était une nouvelle convention nationale venant remplacer la convention Antilles-Guyane, plus favorable aux salariés. La nouvelle convention faisait notamment disparaître un certain nombre d'avantages acquis concernant les congés et la prime de vie chère de 40%.

Il aura fallu de longues négociations pour aboutir à la signature d'un accord. La délégation de l'AFB qui était venue en Guadeloupe avait commencé les négociations le mercredi 3 mars. Cette délégation était brusquement repartie le vendredi 5 sans aucune explication et un seul point avait été discuté. Le point d'achoppement était le paiement des jours de grève. La position de l'AFB était de ne rien payer et, pour les grévistes, cette dernière était la seule responsable de la durée de la grève. Le tribunal de grande instance, dans un jugement du 13 février, avait estimé que la dénonciation de la convention locale par l'AFB n'avait pas été faite dans les règles. Le tribunal avait donné raison aux grévistes, mais l'AFB continuait à vouloir imposer la convention nationale.

Le départ de la délégation de l'AFB avait eu pour effet de perturber certains grévistes. Mais M. de Massy, l'un des dirigeants de l'AFB, avait signé un document où il s'engageait à revenir à la table des négociations le 10 mars pour poursuivre celles-ci.

Entre-temps les grévistes continuaient leur mobilisation et avaient le soutien de nombreux travailleurs et de la population même si cette dernière souffrait de la situation.

La délégation est donc revenue le mardi 9 et les négociations ont commencé le mercredi 10 à la Chambre de commerce et d'industrie de Pointe-à-Pitre, avec la présence importante des forces de police. L'accord du 12 mars prévoit de prolonger les effets de la convention locale jusqu'au 31 juillet 2004, avec une période supplémentaire ne pouvant excéder le 31 octobre 2004. Durant cette période, d'autres négociations se tiendront pour mettre en place une convention qui serait une synthèse de la convention locale et nationale. Ce que les grévistes réclamaient depuis le début du mouvement, à savoir la prorogation de la convention locale en attendant la fin des négociations de la nouvelle, l'AFB a fini par l'accepter après 81 jours de grève.

L'accord stipule que l'AFB prendra en charge 40% des jours de grève et les grévistes 60%. Le paiement à la charge des grévistes sera étalé sur 24 mois. L'AFB a également proposé le paiement d'une prime à tous les salariés (grévistes et non-grévistes) dont le montant sera compris entre 400 et 750 euros en fonction du salaire, pour faire face au surcroît de travail lié à l'ouverture à la clientèle.

L'accord prévoit également l'annulation des sanctions disciplinaires et judiciaires pour fait de grève et la régularisation des mesures bancaires et financières prises à l'encontre des grévistes.

Pour ceux-ci, c'est une victoire, car l'AFB a reculé en reconnaissant l'existence des conventions locales.

Les grévistes ont repris le travail la tête haute et satisfaits d'avoir fait reculer une puissance comme l'AFB. Mais pour eux ce n'est qu'une suspension du conflit, car il faudra rester vigilants. Concernant le paiement des jours de grève, une action devant le conseil des prud'hommes a été initiée. Et puis les négociations avec l'AFB autour d'une nouvelle convention doivent commencer en avril et il s'agit d'être sur ses gardes, car elle voudra certainement reprendre d'une main ce qu'elle a donné de l'autre. Mais les travailleurs, après 81 jours de grève, ont le moral et ont appris à se battre, avec leurs manifestations multiples en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, la présence active des piquets de grève, y compris en s'opposant à la police. Journées d'action de la CGTG dans tous les secteurs, journée d'action de l'UGTG, perturbation de la zone industrielle de Jarry, actions en direction des non-grévistes, grève de 24 heures de solidarité de ceux du Crédit Agricole et de la Bred, meetings, toute cette mobilisation aura pesé sur les patrons de l'AFB et même sur les patrons des autres entreprises, gênés par la grève. Comme quoi, seule la mobilisation et seule la lutte paient.

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