France Télécom : Pressions, dépressions... et coup de colère salutaire18/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1859.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom : Pressions, dépressions... et coup de colère salutaire

A France Télécom, la "Performance Individuelle Comparée" pousse les responsables de groupes, sur ordre de la hiérarchie, à convoquer de plus en plus fréquemment les agents; des fichiers du personnel avec des remarques pour le moins méprisantes ont été dénoncés à Nantes ou à Toulouse. Même si la direction se défend de ce qu'elle appelle des "dérives", les pressions sont réelles pour contraindre chacun à faire le travail des collègues partis en retraite, en pré-retraite ou vers d'autres administrations pour fuir l'ambiance qui devient de plus en plus détestable dans les services.

La dégradation des conditions de travail n'est pas sans conséquence sur la santé des salariés. Selon une enquête du Comité d'Hygiène et de Sécurité - Conditions de Travail (CHSCT) de Poitou-Charentes, "un tiers des salariés se sentent toujours fatigués, 40% déclarent avoir du mal à dormir la nuit, 50% se déclarent découragés, 13% n'ont plus goût à rien et 20% se réveillent déprimés le matin". A Paris, à la suite du suicide d'un cadre, le médecin du travail aurait attiré l'attention de la direction sur la santé physique et morale des employés. La direction prétend désormais se soucier de l'état de santé du personnel, en nous convoquant lors du retour d'un arrêt maladie. En fait, c'est pour remettre en cause la véracité de telle ou telle maladie, voire d'un décès familial, ou même nous questionner sur la teneur d'une prescription médicale. Et on nous demande de prendre sur nous car, voyez-vous, les arrêts maladie coûtent cher à l'entreprise.

Les responsables prennent aussi l'habitude d'annoncer le nombre de jours de présence sur l'année de tel ou tel employé devant ses collègues, certains allant jusqu'à répartir les objectifs qui étaient assignés à la personne absente sur les autres membres de son équipe.

Mais à force de faire pression sur le personnel avec de telles méthodes, la direction s'expose à provoquer des réactions explosives, comme en Corse il y a quelques semaines où, à la suite d'un suicide, le personnel s'est mis en grève et a imposé le départ de responsables de la direction régionale.

Face à une hiérarchie qui prétend nous dicter sa loi, il faudrait remettre les choses à l'endroit, de façon à ce que le personnel contrôle les décisions et rejette celles qui, faites dans l'unique objectif d'accroître la rentabilité, grignotent leur vie, voire la bousillent complètement.

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