De "l'agitation sociale" aux élections... et des élections à la contre-offensive ouvrière18/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1859.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

De "l'agitation sociale" aux élections... et des élections à la contre-offensive ouvrière

Raffarin aurait sans nul doute souhaité pour la campagne électorale une situation sociale tranquille. Ses désirs n'ont pas été vraiment exaucés. Ne serait-ce parce qu'encore en ce début de semaine, des grèves -des postiers parisiens, des travailleurs de la RATP, des transports dans la région de Cambrai- ou le blocage du site d'Alstom la Courneuve, ou la manifestation à Paris de milliers de retraités cheminots, ont entretenu le feu de l'agitation sociale. Quant à la semaine précédente, après les intermittents et les chômeurs "recalculés", battant une fois encore le pavé pour dénoncer "le KO social", elle avait été marquée par les démissions et manifestations des chercheurs, le défilé des retraités CGT, la journée d'action dans les hôpitaux et celle des salariés de la construction, pour culminer avec une journée le vendredi 12 dans l'éducation nationale, donnant l'occasion aux chercheurs de se joindre aux cortèges des enseignants. Sans compter les différentes grèves et actions menées contre les licenciements comme celles des travailleurs d'Altadis, de STMicroelectronics, ou certaines grèves dans différents secteurs pour la revalorisation des salaires... Et ce n'est pas fini pour cette semaine puisque les chercheurs ont annoncé pour la fin, le 19, c'est-à-dire deux jours avant le scrutin du 1er tour, une nouvelle journée d'action et de manifestations.

D'autres temps forts, annoncés par les syndicats se profilent à l'horizon. Comme par exemple une journée de protestation en début d'avril contre les projets Fillon concernant le code du travail, ou à l'EDF-GDF pour s'opposer au changement de statut.

En troublant la "paix sociale" en période électorale, les travailleurs qui ont participé ou vont participer à ces mouvements, à l'initiative des syndicats, savonnent la planche à la droite et au gouvernement, lui préparant un cap difficile s'il est désavoué dans les urnes. C'est de bonne guerre et nous ne pouvons que nous en réjouir.

Ces mouvements reflètent le mécontentement des salariés. Y compris et en particulier celui des travailleurs classés "intellectuels", qui se retrouvent prolétarisés, précarisés, promis à des vieux jours misérables, tout comme les travailleurs dits "manuels". L'ensemble des salariés -et ceux contraints au chômage qui aspirent bien à le redevenir- se trouve confronté à une offensive tant sur les conditions de travail, de l'emploi, de la retraite, du droit à la santé, du niveau de vie, du fonctionnement du service public, etc. Une offensive que le gouvernement actuel promet de continuer et d'amplifier après les élections. C'est en toute logique que l'hostilité et l'opposition du monde du travail, exprimée dans ces grèves et ces manifestations, devrait trouver un prolongement naturel en se traduisant dans les urnes.

Les partis de l'ex-gauche plurielle applaudissent aujourd'hui les travailleurs qui expriment ainsi leur mécontentement, certains de ses leaders n'hésitant pas à se montrer dans la rue à leurs côtés. Ils aimeraient en recueillir les fruits. On ne peut cependant oublier qu'ils ont engagé, quand ils étaient au gouvernement, les politiques dont l'ensemble des salariés font aujourd'hui les frais. Pas question non plus de faire l'impasse sur le fait qu'ils ne promettent même pas d'abolir les mesures déjà prises, s'ils revenaient aux affaires. C'est en conséquence seulement en votant pour l'extrême gauche, pour les listes de LO et de la LCR que le message envoyé pourra être le plus clair.

Au delà de l'utilité du vote, il ne faudrait surtout pas oublier que si les prochains scrutins peuvent aider à exprimer l'hostilité du monde du travail aux mesures gouvernementales et patronales, ils sont impuissants à les faire annuler. Les élections passent, les problèmes restent.

Pour faire reculer le patronat et le gouvernement il faut une contre-offensive des travailleurs. Et celle-ci ne peut être couronnée de succès si elle se limite à des mouvements les uns après les autres, comme ces journées d'action, corporation par corporation. Oui il faudra un mouvement tous ensemble, un mouvement qui aille au delà de la tentative du printemps dernier. Et il faudra que les travailleurs sachent passer par dessus les limites fixées par les appareils syndicaux, toujours prompts à s'embourber dans le "dialogue social" au moment même où le camp du gouvernement et du patronat sort la grosse artillerie.

Plus il y aura de voix pour l'extrême gauche, c'est-à-dire pour les listes de LO et de la LCR, et mieux apparaîtra la volonté du monde du travail de défendre ses intérêts en se plaçant sur son propre terrain, en utilisant ses véritables armes et en recourant à ses moyens de lutte les plus efficaces.

Louis GUILBERT

Convergences Révolutionnaires nE 32 (mars 2004), bimestriel publié par la Fraction
Dossier: Après Jospin, Raffarin, de mal en pis
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