Privatisation de la SNECMA : Une bonne affaire pour les patrons11/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1858.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Privatisation de la SNECMA : Une bonne affaire pour les patrons

Le gouvernement vient de se décider à faire une nouvelle tentative de privatisation de la Snecma. La première en 2001 avait été stoppée in extremis suite à l'attentat contre le World Trade Center, aux États-Unis. Le groupe Snecma (Société nationale d'études et de construction de moteurs d'aviation) est l'un des principaux groupes aéronautiques occidentaux. Rentable, il intéresse donc à ce titre tout particulièrement les secteurs capitalistes.

Le groupe compte 39000 salariés dans le monde, qui ont généré un chiffre d'affaires de 6,4 milliards d'euros en 2003. Il fabrique des équipements pour tout ce qui vole, principalement des moteurs pour les avions civils, pour tous les hélicoptères et les fusées françaises. Il partage la première place en ce qui concerne les moteurs d'hélicoptères grâce à une alliance avec Rolls-Royce. Même chose dans le domaine des moteurs d'avions civils grâce à une alliance, cette fois, avec l'américain General Electric. Enfin, Snecma est le fournisseur de moteurs qui vont de la fusée Ariane et des fusées militaires, à ceux des sous-marins nucléaires ou des Exocet.

Contrairement aux groupes américains, la crise que traverse actuellement l'aéronautique a peu touché la Snecma. La baisse des commandes est restée modeste. Par contre, la direction a supprimé de nombreux postes de travail dans toutes les divisions. Les syndicats parlent de près de 2500 emplois supprimés sur le groupe en trois ans! C'est ce qui explique les 200 millions d'euros de bénéfice net de 2003. C'est une entreprise "profitable" aux dires des représentants des ministères au conseil d'administration... pour le plus grand bonheur des futurs investisseurs privés.

Rentabiliser sur le dos des salariés

La direction utilise la future privatisation comme un prétexte supplémentaire pour rendre plus performante l'entreprise sur le dos du personnel. Et depuis cette annonce, l'ambiance est encore plus morose. Cependant, par rapport à la première tentative, il est à noter que la direction est moins arrogante. L'opposition, même passive, à la privatisation donne le ton dans les ateliers et les bureaux. Les chefs ne vantent plus ouvertement les prétendus bienfaits de cette privatisation. Même les cadres les plus arrogants n'étalent plus leur impatience à plonger avec délice dans la gamelle des actions.

Dans ce contexte de déréglementation du transport aérien, la privatisation ne fera qu'amplifier les économies sur la qualité et la sécurité des fabrications que le dernier accident de Charm el Cheik a mises en lumière.

Si le statut d'entreprise nationalisée n'a pas protégé les travailleurs contre les mauvais coups, la privatisation représente un nouveau pas dans la dégradation de la situation faite aux salariés et à la population. D'ailleurs le PDG en a profité pour peindre l'avenir dont il rêve en souhaitant amener l'entreprise d'un taux de rentabilité financière de 7,5% à un taux supérieur à 10%.

Une privatisation préparée par la gauche

Le dossier préparé par le gouvernement de gauche, en l'occurrence le ministre du PCF Gayssot, facilite la tâche des représentants du gouvernement, qui reprennent même le terme "d'ouverture du capital", pour ne pas parler de privatisation, terme mis en avant par la gauche pour faire croire qu'elle menait une politique différente de la droite.

Toutes ces mises en scène ne trompent pas les travailleurs des différentes usines du groupe Snecma. Il reste à souhaiter que, surmontant le fatalisme, ils se rendent compte que leur situation actuelle n'est pas un "privilège" si on la compare à celle des travailleurs de Dassault par exemple (entreprise tout ce qu'il y a de privée depuis fort longtemps), mais qu'il faut la défendre en résistant aux prétentions de la direction. En effet, tout ce qu'ils perdraient serait au profit exclusif de riches actionnaires.

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