Margot - Abbeville (Somme) : Les travailleurs ne baissent pas les bras11/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1858.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Margot - Abbeville (Somme) : Les travailleurs ne baissent pas les bras

Margot à Abbeville est une entreprise qui fabrique de la robinetterie de luxe pour de riches clients, parmi lesquels Johnny Hallyday, des émirs arabes ou encore Chirac et de Robien. L'usine d'Abbeville compte 38 travailleurs. Fin février, tous ont reçu une lettre de licenciement, ainsi que les 40 salariés de l'entreprise qui travaillent sur d'autres sites, résultat de la mise en liquidation judiciaire de l'entreprise, prononcée le 5 février dernier.

Héritiers de l'entreprise, les "neveux" Margot, après trois années de gestion catastrophique, ont donc mis la clé sous la porte et les salariés sur le pavé, sans plus de cérémonie. Mais les travailleurs ne l'entendent pas de cette oreille. Depuis le 24 février, ils occupent leur usine jour et nuit et ont organisé plusieurs actions pour ne pas rester isolés.

Les 28 et 29 février, durant un week-end "portes ouvertes", ils ont accueilli quelque 1200 habitants d'Abbeville, venus manifester leur soutien. Ils ont pu faire admirer leur production, les robinets splendides, mais aussi leurs ateliers sans chauffage digne de ce nom, avec certaines machines qui étaient déjà là en 1948, date de la création de l'entreprise. Le moins qu'on puisse dire est que le patron ne s'est pas ruiné en essayant d'améliorer les conditions de travail des ouvriers! Par contre, alors que le premier dépôt de bilan était déjà effectué, quand des travailleurs venaient parfois travailler samedi et dimanche, à une température qui ne grimpait pas au-dessus de 8°, ils pouvaient voir Margot arriver à l'usine dans un 4x4 BMW flambant neuf...

Le samedi suivant, 6 mars, les travailleurs de Margot ont pris la tête d'une "marche pour l'emploi" organisée par l'intersyndicale interprofessionnelle d'Abbeville. Le cortège a réuni 250 personnes, un succès pour une ville de 25000 habitants. Il faut dire que le slogan "Ils ferment les usines, ils ferment les écoles, y'en a ras-le-bol de ces guignols", est largement d'actualité à Abbeville.

Forts de l'appui et de la solidarité des autres travailleurs et de l'ensemble de la population, les salariés de Margot attendent maintenant de connaître les intentions de l'éventuel repreneur, qui n'a pour l'instant donné aucune garantie quant à leur avenir. Ils restent vigilants et ont bien l'intention de continuer à se faire entendre.

Dans cette affaire, les travailleurs ont pu se rendre compte que les patrons faisaient ce qu'ils voulaient: l'usine déclarée en cessation de paiement, puis en liquidation judiciaire, alors que les clients continuent à téléphoner pour savoir s'ils peuvent passer commande, cela ne leur paraît pas normal! Et quand ils ont demandé à voir les comptes de 2003, ils ont dû se contenter des quelques chiffres griffonnés sur un morceau de papier par la directrice, la "nièce Margot", en réunion de CE.

De quoi se dire que contrôler les comptes des entreprises, pour savoir où va l'argent, connaître la situation exacte et empêcher des patrons irresponsables de fermer une usine rentable et de faire 38 chômeurs de plus, ce ne serait pas du luxe dans une région où le taux de chômage dépasse déjà largement la moyenne nationale.

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