GIAT Industries - Saint-Chamond (Loire) : Direction et gouvernement contre l'emploi11/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1858.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

GIAT Industries - Saint-Chamond (Loire) : Direction et gouvernement contre l'emploi

La direction de GIAT Industries, aux ordres du gouvernement Chirac-Raffarin, veut appliquer son plan de suppression de près de 3500 emplois, malgré le vote défavorable du Comité central d'entreprise pour une partie de ce plan.

Le projet initial de la direction de GIAT Industries, entreprise d'État de fabrication d'armements terrestres, prévoyait en avril 2003 la suppression de 3950 emplois sur les 6250 que comptait le groupe, avec la fermeture de trois sites: un à Tarbes, un à Cusset dans l'Allier et celui de Saint-Chamond, avec plus de 600 salariés.

Pendant les mois qui ont suivi, l'opposition des travailleurs, sans être explosive, ne s'est jamais démentie. Débrayages fréquents, manifestations diverses et variées, ralentissement assez fort du rythme de travail, mise sous surveillance d'un certain nombre de produits finis: à Saint-Chamond, il était clair que les salariés ne voulaient pas perdre leur travail à la suite de la fermeture du site. Une des raisons est la situation catastrophique de l'emploi dans cette région. Rien qu'à Saint-Chamond même, quatre entreprises ont fermé dans les trois dernières années.

Fin 2003, les quatre syndicats assignaient la direction de GIAT Industries devant le tribunal de grande instance de Versailles, pour irrégularités dans le plan présenté par la direction. Le jugement sur le fond devait avoir lieu le 2 mars. A partir de janvier 2004, la direction faisait le forcing sur les négociations, espérant, en lâchant quelques concessions sur le plan social, obtenir des syndicats un retrait de leur assignation.

Dans ce cadre, elle convoquait un Comité central d'entreprise pour le 27 février, pour un vote définitif sur ses dernières propositions.

La CFDT annonçait alors qu'après consultation de ses syndiqués elle allait voter contre la partie industrielle du plan, mais pour la partie sociale, et retirer son assignation. La CGC allait voter comme la CFDT. De son côté, la CGT organisait le 24 février une consultation de tout le personnel. La question posée: Considérez-vous, au regard des propositions alternatives industrielles et sociales faites par les organisations syndicales, que les évolutions sont suffisantes (ou insuffisantes) pour assurer une solution acceptable à chaque salarié du groupe? Plus de 60% du personnel, tous sites confondus, participa au vote. Une grosse majorité, 71%, considéra insuffisantes les propositions de la direction. C'était un camouflet aux syndicats CFDT et CGC. D'ailleurs, à Saint-Chamond, 54% des syndiqués CFDT ont rejeté les propositions de leur syndicat.

Au CCE du vendredi 27 février, la CFDT, la CGC et la CFTC votaient donc pour la partie sociale du plan et retiraient leur assignation. Tous les syndicats se retrouvaient pour rejeter la partie industrielle du plan. Mais, tous ces votes étant sans valeur contraignante, la direction se sentait les mains libres.

Elle le pouvait d'autant plus que le lundi 1ermars, à son tour, la CGT retirait son assignation. Elle invoquait, pour se justifier, le fait que, l'assignation primitive ayant été faite par trois syndicats, le retrait de deux d'entre eux la rendait caduque sur le plan juridique. C'est possible. Mais cette attitude est caractéristique de ce syndicat, majoritaire, qui a cherché, tout au long du conflit, à présenter des solutions de rechange comme si c'était aux travailleurs de dire comment sauver l'entreprise. Cela fait que, maintenant, c'est la direction qui a l'initiative.

La quasi-totalité du personnel de Saint-Chamond, qui risque donc de se voir notifier près de 500 suppressions d'emplois dès juillet prochain, refuse toujours de baisser les bras. La défection de la CFDT et de la CGC ne semble pas avoir entamé le moral des travailleurs, qui continuent à travailler à leur rythme, à laisser sous séquestre un certain nombre de matériels prêts à la livraison. Ils avaient d'ailleurs montré leur détermination le matin même du CCE (qui se tenait à Satory, siège du groupe) en prenant vigoureusement à partie le maire de droite qui venait encore plastronner devant leur assemblée, lui qui ne s'est pas désolidarisé de ce gouvernement de licencieurs, qui se tient, bien sûr, derrière la direction du GIAT. Les travailleurs avaient aussi interpellé la direction pour lui dire son fait.

Ainsi, alors que Raffarin se pose en défenseur de l'emploi quand il est devant les micros, il couvre les licenciements décidés par la direction d'une entreprise d'État. Mais si la première manche est pour la direction, les travailleurs disposent encore de tous leurs atouts: ils sont toujours rassemblés sur leurs lieux de travail et ils ont de quoi faire parler d'eux s'ils le décident.

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