La marche de Ni putes ni soumises à Nantes et Toulouse05/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1857.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La marche de Ni putes ni soumises à Nantes et Toulouse

La marche des militantes de Ni putes ni soumises s'est poursuivie, notamment à Nantes le mercredi 26 février et à Toulouse le lendemain. Dans chacune des villes, elles ont été accueillies par un public nombreux venu les soutenir. Et comme ils le font depuis le début, des intégristes sont intervenus de façon virulente, tentant de détourner le débat en reprochant à Fadela Amara de ne s'attaquer qu'à l'Islam, d'être pour "l'assimilation" et non l'intégration, ou encore de militer indirectement pour le Parti Socialiste, en lui prédisant le même avenir que Malek Boutih ou Harlem Désir. Mais à chaque fois, sans se laisser démonter, Fadela Amara et ses camarades ont fait face à ces intégristes qu'elles ont qualifiés de "fascistes verts" en étant soutenues par la salle.

À Nantes

Une première réunion a eu lieu dans l'après-midi où Fadela Amara était invitée au Centre culturel de documentation pour présenter son livre. Plus de 150 personnes étaient présentes, dont des représentantes de la municipalité et de l'Association locale des femmes algériennes, qui lancent une campagne contre le Code de la famille, voté en 1984 en Algérie, et qu'elles appellent le "Code de l'infamie". Une de ces femmes a ouvert le débat en rappelant combien ce code bafouait tous les droits des femmes, y compris celui de garder ses enfants en cas de divorce -que l'homme seul peut demander et obtenir. Ce fut un débat chaleureux et émouvant où une féministe des années soixante rappela tous les combats que les femmes ont dû mener en France pour obtenir plus d'indépendance face au mari, la pilule, le droit à l'avortement, tous droits aujourd'hui menacés.

La réunion du soir, dans une salle bondée avec 300 personnes, fut plus houleuse du fait de la présence d'islamistes. Mais il y eut de nombreuses interventions pour soutenir le combat de Ni putes ni soumises, et critiquer à la fois les religions, le manque de moyens sur le terrain pour l'école, les ravages du chômage et rappeler que la "république laïque" dont se réclame Fadela Amara est aussi celle qui refuse, entre autres, aux femmes sans papiers victimes de violences dans leur pays de rester en France.

Une camarade de Lutte Ouvrière, conseillère municipale à Nantes, est intervenue pour apporter son soutien et rappeler que leur lutte rejoint le combat plus général mené par tous les opprimés et les exploités, hommes et femmes ensemble, pour changer cette société réactionnaire et barbare.

À Toulouse

Deux cents personnes étaient présentes à la réunion qui se tenait dans une salle des fêtes proche du quartier du Mirail. Après une introduction de Fadela Amara, le débat a été monopolisé par des intégristes, de façon manifestement concertée et préparée, pour empêcher Fadela Amara de répondre. Mais celle-ci ne s'est pas démontée et leur a répondu qu'ils la trouveraient toujours en face d'eux pour combattre leur intolérance et leur volonté de soumettre les femmes et les filles.

Elle a reçu le soutien de nombreuses femmes dans la salle, dont des femmes d'origine maghrébine ou africaine qui ont déclaré qu'elles élevaient leurs garçons dans le respect des femmes, et que si les mères de ceux qui hurlaient avaient eu droit à la parole et avaient pu participer à des débats comme celui-là, on n'en serait pas là.

Une camarade de Lutte Ouvrière est intervenue pour apporter son soutien. Elle a rappelé qu'il avait aussi fallu se battre contre l'Église catholique pour arracher le droit à la contraception et à l'avortement. Elle a conclu son intervention en disant aux filles voilées que, elles qui réclamaient la liberté de porter le voile, devraient donc commencer par se battre pour la liberté de celles qui refusent de le porter.

La marche de Ni putes ni soumises se terminera samedi 6 mars par une manifestation à Paris, qui partira à 14heures de la Place de la République.

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