Antilles-Guyane : Après 11 semaines, les grévistes des banques ne lâchent pas prise05/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1857.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Antilles-Guyane : Après 11 semaines, les grévistes des banques ne lâchent pas prise

La grève des banques aux Antilles-Guyane en est à sa 11e semaine. Et les patrons de l'AFB (Association française des banques) ne cèdent en rien aux revendications des employés grévistes, qui réclament le maintien de la convention collective Antilles-Guyane existant depuis 1977. Les patrons des banques veulent la remplacer au profit d'une convention "nationale" moins favorable aux salariés.

En particulier avec cette nouvelle convention, ils risqueraient de perdre la prime de vie chère, les congés pour les fêtes locales et bien d'autres petits avantages gagnés au cours des ans.

Depuis onze semaines donc, les banques sont fermées au public, à l'exclusion du Crédit agricole et de la BRED qui ne font pas partie de l'AFB. Mais fin février les employés de ces deux banques ont observé une journée de grève de solidarité et bon nombre d'entre eux ont défilé dans les rues aux côtés des grévistes.

Rappelons que les grévistes ont obtenu gain de cause en partie devant les tribunaux puisqu'ils avaient assigné l'AFB en justice à propos des conditions dans lesquelles celle-ci avait dénoncé leur convention. Le tribunal a donc ordonné à l'AFB de payer tous les salaires jusqu'à ce jour et de respecter la convention locale. Evidemment l'AFB a fait appel, et n'a pas obtempéré. Cela dit, si cette victoire juridique a réconforté les grévistes, elle est limitée car elle n'est valable que pour la Guadeloupe et en fait l'AFB ne se sent nullement obligée de céder. De plus le jugement ne statuait pas sur le fond mais sur la forme.

La lutte continue donc sur le terrain. Après plusieurs manifestations, après s'être confrontés à la police devant le siège de la BNP, et avoir essuyé des tirs de grenades lacrymogènes, après avoir lancé des appels à d'autres catégories de travailleurs, après avoir manifesté devant des entreprises liées aux banques comme celles qui s'occupent du traitement des chèques, les grévistes ne lâchent pas prise. En Guadeloupe, depuis le 27 février, ils bloquent la SATA (entreprise chargée de la compensation des chèques). Les piquets de grève sont maintenus et les grévistes informent la population régulièrement.

Durant le week-end, en Guadeloupe, une délégation de grévistes est allée, banderole déployée, au-devant de François Hollande et Nicolas Sarkozy présents en Guadeloupe pour cause de campagne électorale. Elections obligent... Sarkozy a reçu les grévistes, leur a fait des sourires et a annoncé l'arrivée d'une délégation de l'AFB. Lui et son amie Michaux-Chevry et sans doute avec l'aide de Chirac auraient-ils exercé une quelconque pression sur les banquiers pour qu'ils se montrent plus conciliants à l'approche des élections? Ce n'est pas impossible. Toujours est-il que lundi après- midi 1er mars, une délégation de quatre représentants de l'AFB est de nouveau arrivée en Guadeloupe. Mais ces représentants ont dû quitter l'aéroport par une porte dérobée et encadrés par les policiers, par peur d'un groupe de grévistes venus les "accueillir". Les directeurs nationaux des différentes banques devaient arriver mardi 2 mars en Guadeloupe, et les nouvelles négociations devraient se tenir à partir du 3 mars.

Il est sûr que bon nombre de gens sont gênés par la grève. Beaucoup ne peuvent retirer leur salaire, par exemple. Mais l'attitude de ces grands patrons de l'AFB qui perçoivent des millions en salaires et en prime est tellement méprisante qu'elle choque la population, qui patiente en comprenant les grévistes. Cette compréhension voire ce soutien permettent aux grévistes de poursuivre le combat avec détermination. Lors d'une assemblée générale le 1er mars à Pointe-à-Pitre, ils ont bien déclaré qu'il leur fallait rester encore plus mobilisés et déterminés pendant ces nouvelles négociations. L'AFB doit respecter les avantages acquis et payer l'intégralité des jours de grève, ont-il rappelé.

Le même état d'esprit règne dans les rangs grévistes en Martinique et en Guadeloupe. L'arrivée de cette brochette de dirigeants des banques apparaît déjà comme un recul de leur part, eux qui ne voulaient pas mettre les pieds en Guadeloupe pour négocier avec l'intersyndicale inter-banques inter- départements Antilles-Guyane.

En tout cas on peut dire que jusqu'ici les grévistes n'ont pas raté une occasion de se faire entendre et ils entendent bien continuer tout au long des négociations.

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