Vivendi-Suez-Bouygues : Pas claire, l'eau privée !05/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1853.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vivendi-Suez-Bouygues : Pas claire, l'eau privée !

La gestion privée de l'eau est dénoncée à juste titre par les associations de consommateurs et les usagers qui voient leur facture d'eau augmenter de façon souvent inexplicable et inexpliquée ( l'eau est souvent plus chère de 25 à 45% dans les collectivités locales qui ont confié la gestion de la distribution de l'eau au privé). Le marché de l'eau représente une manne de profits considérables pour les actionnaires des trois grandes sociétés Veolia (ex-Vivendi), Suez et la Saur, une filiale de Bouygues, qui le contrôlent en quasi-totalité, et surtout dans la plus grande opacité.

Comment est fixé réellement le prix de l'eau? Pourquoi, dans certaines communes, l'eau augmente-t-elle plus qu'ailleurs? Il est bien difficile aux habitants des quartiers ou des cités populaires de le savoir. Les pratiques des trois grands marchands de l'eau restent "occultes", qu'il s'agisse de surévaluer des frais de gestion, d'augmenter abusivement l'abonnement non lié au niveau de consommation, ou de détourner l'argent public, destiné théoriquement à l'entretien et à la réfection des canalisations.

Des petits coins du voile ont été soulevés dernièrement sur cette dernière pratique à propos de Vivendi. Les 800000km de tuyaux, dont la moitié a dépassé la limite d'âge tolérée de 30 ans, sont un bien qui reste public partout, même dans les communes qui ont cédé la gestion de l'eau au privé. Leur entretien et leur réfection sont donc toujours à la charge des collectivités locales. Il est déjà en soi choquant que les sociétés de l'eau se contentent d'encaisser les factures sans mettre la main au porte-monnaie pour entretenir ce réseau qui leur rapporte tant. Mais pire, les contrats prévoient que les collectivités locales doivent verser des provisions financières, qui sont gérées par la société à qui la collectivité a concédé la gestion de l'eau!

En théorie, l'argent qui n'aurait pas été dépensé devrait être restitué à la collectivité à la fin du contrat . Mais, dans la réalité, les contrats courent sur plusieurs années et sont la plupart du temps de toute façon renouvelés. Résultat: ces provisions financières constituent des cagnottes dans lesquelles les sociétés de l'eau peuvent puiser. Ainsi selon l'auteur de L'Eau de Vivendi, les vérités inavouables, l'ex-PDG de Vivendi Jean-Marie Messier aurait "copieusement pioché dans ce trésor pour éponger ses dettes et soutenir ses investissements dans la communication". Ce trésor de 4, 5 milliards d'euros de provision pour le renouvellement des 8000 contrats d'eau et d'assainissement, géré par Vivendi et placé sur le compte d'une société financière dont le siège est en Irlande, se serait ainsi "volatilisé". La nouvelle direction du groupe n'a reconnu que la disparition d'un milliard d'euros pour 2002. Henri Proglio, le PDG d'une des entités de Vivendi, Veolia, a été obligé de reconnaître qu'"il faudra quelque temps pour reconstituer des provisions suffisantes...". Mais une fois reconstituées, qu'est-ce qui garantit qu'elles seront utilisées réellement pour renouveler les réseaux de canalisations?

Ces requins de l'eau douce, Veolia (ex- Vivendi), tout comme Suez ou Bouygues puisent ainsi sans complexe dans l'argent de la collectivité.

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