Taxer les ventes d'armes : Chirac et Lula, apôtres de la lutte contre la faim ...05/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1853.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Taxer les ventes d'armes : Chirac et Lula, apôtres de la lutte contre la faim ...

Le 30 janvier, au siège de l'ONU, à Genève, le président brésilien Lula a rejoint Chirac dans l'idée de mettre en oeuvre une taxe sur les ventes d'armes pour lutter contre la faim dans le monde.

Cette idée part du constat que la faim dans le monde est un fléau, une véritable "arme de destruction massive" qui "tue 24000 personnes chaque jour et 11 enfants chaque minute", comme le souligne le président brésilien. La situation actuelle est dramatique: 1,2 milliard de personnes vivent avec moins d'un dollar par jour, un milliard n'ont toujours pas accès à l'eau potable et 840 millions souffrent de la faim. Avec l'argent ainsi récolté serait créé un fonds spécial dit "Fonds Lula" qui, à terme, devrait permettre de réduire de moitié par jour d'ici 2015 la part de la population mondiale vivant avec moins d'un dollar.

L'idée est de trouver l'argent en taxant une partie des 794 milliards de dollars que représentent les ventes d'armes dans le monde, soit 2,5% du produit intérieur brut mondial en 2002, pour faire reculer la faim dans le monde. Mais quel serait le montant d'une telle taxe? Qui se chargerait de l'appliquer? Concernerait-elle toutes les ventes d'armes? Les ventes d'armes françaises et brésiliennes également? Pas de réponse du côté des deux présidents. Et pour cause, Chirac et Lula dirigent des États qui se placent parmi les premiers exportateurs d'armes du monde. Ni l'un ni l'autre n'ont évoqué les modalités d'application d'un tel "impôt". Ils renvoient cela à une commission d'experts chargée d'étudier la question. Ce qui rappelle le sort de la trop fameuse "taxe Tobin"remisée au placard.

Le problème n'est donc pas tant les modalités d'application d'un tel impôt que la volonté politique de le prélever. Qui empêche Chirac de s'appuyer sur son gouvernement et sa majorité à l'Assemblée nationale pour taxer les marchands de canons bien français, publics ou privés, qui ont pignon sur rue comme Dassault, Thalès, Giat Industries, Luchaire et bien d'autres encore? Personne.

Chirac n'est pas à une déclaration près, surtout si elle n'est pas suivie d'effet! La France a exporté 2739 millions d'euros d'armes de guerre pour la seule année 2000, selon les chiffres de la direction générale de l'armement. Il n'y aurait pas besoin de l'avis d'experts internationaux autorisés pour en prélever une partie et aider les pays pauvres, si du moins telle était la volonté du gouvernement. Celui-ci ne se gêne pas d'ailleurs pour faire les poches des salariés et subventionner le patronat.

Mais pour Chirac, il n'est pas question de s'en prendre aux profits de ces marchands de mort qui prospèrent à l'abri du gouvernement.

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