Loire-Atlantique : Esclavage moderne05/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1853.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Loire-Atlantique : Esclavage moderne

Depuis deux ans, une entreprise de salaison de porc située en Loire-Atlantique a fait travailler plusieurs centaines de travailleurs étrangers, Portugais ou Maliens, dans des conditions scandaleuses. La Ligue des droits de l'homme, qui a révélé cette surexploitation, parle de cas "d'esclavage moderne, avec son lot de brimades, menaces, coups et surveillance".

Les travailleurs maliens ont été recrutés dans des foyers de la région parisienne par une de ces officines qui sous-traitent de la main-d'oeuvre à bon marché pour d'autres entreprises, considérées, elles, comme "respectables". C'est le cas du Groupe international de désossage (GID), spécialisé dans le recrutement pour des abattoirs, et qui ne s'embarrasse pas de la légalité. Ainsi les Maliens, souvent en situation irrégulière et connaissant mal le français, auraient-ils signé des contrats abusifs. Alors qu'on avait promis à tous les travailleurs embauchés un salaire de 1500 euros mensuels, ils n'en touchaient que 900 desquels l'entreprise retranchait des frais pour les papiers, le logement (pourtant insalubre), la nourriture et les déplacements. C'est dire qu'à la fin du mois, il ne devait pas leur rester grand-chose.

Le directeur de l'entreprise Aubret, qui emploie ces travailleurs, se retranche derrière l'argument qu'il ne les avait pas embauchés directement, et renvoie la balle à GID: "Nous n'avons rien à voir avec la gestion de leur personnel", a-t-il dit. Mais les témoignages se rapportant aux conditions de travail sont accablants. "On nous demandait parfois de travailler de 5 heures du matin jusqu'à 21 heures, sans payer d'heures supplémentaires", rapporte un ouvrier. De même les brimades dont ils ont été victimes ont eu lieu dans l'usine. Et si justement une entreprise fait appel à des sous-traitants pour recruter du personnel, c'est avant tout parce qu'elle en tire profit par une surexploitation des travailleurs.

Une enquête a été ouverte par la justice. Pour l'instant, seul un responsable local du Groupe international de désossage a été poursuivi et placé en détention, mais uniquement pour "aide à séjour irrégulier", pour avoir embauché des sans-papiers! D'autres inculpations suivront sans doute, contre le GID pour "exercice illégal de prêt de main-d'oeuvre" et "marchandage". Peut-être aussi Aubret risque-t-il des poursuites, en tant que donneur d'ordre.

Mais pour l'instant, une dizaine de travailleurs maliens ont peu d'espoir de récupérer les sommes dont ils ont été escroqués, et se retrouvent en détention administrative dans l'attente d'une éventuelle expulsion. Surexploités, escroqués... et pour finir expulsés?

Partager