Le "trou" de la Sécurité sociale : Prendre aux riches, pas aux plus pauvres05/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1853.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le "trou" de la Sécurité sociale : Prendre aux riches, pas aux plus pauvres

Le déficit des comptes de la Sécurité sociale, le fameux "trou", sert de prétexte à tous ceux qui veulent réduire encore davantage la protection des individus contre les risques liés à la maladie.

On nous parle de 8 ou 10 milliards d'euros à trouver pour 2003, de 14 ou 15 milliards pour 2004. Il faut rappeler que pour un budget de 315 milliards, le déficit représente une part modeste d'environ deux pour cent. Quand il s'agit du budget de l'État dont le déficit est bien plus important, les mêmes n'ont pas le même entrain pour le réduire de toute urgence.

Mais lorsqu'il s'agit du "trou" de la sécurité sociale, pour ces gens-là, il faut agir toute affaire cessante. Pour combler le déficit, ces fossoyeurs de la protection sociale n'imaginent que d'en faire payer les conséquences aux plus démunis, ceux qui n'auront pas le moyen de se tourner vers les assurances privées ou, en cas de pépin, de payer plein tarif leurs dépenses de santé. Trouver de l'argent uniquement dans la poche des assurés ou réduire l'accès aux soins, telle est la seule alternative de tous ceux qui veulent faire payer les assurés sociaux.

Comme si du côté du patronat, des actionnaires, il n'y avait pas des réserves dans lesquelles il serait possible de piocher. Pour 2003 et 2004, les exonérations de cotisations consenties au patronat équivalent même au montant des déficits prévus. Ce manque à gagner pour l'assurance-maladie n'a aucune raison d'être.

Mais il y aurait bien d'autres moyens de faire payer les riches, ne serait-ce qu'en prenant une petite partie des bénéfices réalisés par les entreprises du pays. L'industrie pharmaceutique, pour ne parler que des entreprises hexagonales, réalise plusieurs milliards de profits chaque année grâce au marché garanti que constitue pour elle la Sécurité sociale. Quant aux grandes banques françaises, leurs profits actuels s'élèvent actuellement à une vingtaine de milliards par an, des sommes, là encore, à la mesure du "trou" de la Sécurité sociale.

La liste des moyens de puiser dans la richesse de quelques milliers d'actionnaires ne s'arrête pas là. Elle démontre en tout cas qu'il serait possible de prendre du côté de la fortune des plus riches pour éviter d'accabler les plus pauvres.

Assurer le maintien d'une protection sociale déja bien malmenée depuis deux décennies relève du salut public. L'assurer n'est pas une affaire seulement comptable. Elle relève surtout d'un choix, ou s'en prendre aux plus démunis, ou demander aux plus riches de payer ce qui n'est jamais que leur dette à la société.

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