Grenoble : Mobilisation pour la défense des centres de santé05/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1853.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Grenoble : Mobilisation pour la défense des centres de santé

Le personnel et les usagers de centres de santé de Grenoble se mobilisent pour la défense de ceux-ci.

Il existe cinq de ces centres à Grenoble, chacun implanté dans un quartier populaire. 20000 patients y sont soignés aujourd'hui, et sans eux, bien des familles en difficulté ne recevraient aucun soin. Les consultations n'ont souvent rien à voir avec celles des médecins libéraux. Elles sont plus longues, les discussions avec le patient sont privilégiées et permettent, au fil du temps, de tout savoir sur la famille et ses difficultés. Les médecins et le personnel des centres, infirmiers, kinésithérapeutes, secrétaires d'accueil, peuvent alors non seulement soigner, mais orienter le patient vers une assistante sociale, ou l'aider dans ses démarches de demandes d'allocations... Une personne maîtrisant mal la langue française a le temps d'être écoutée et comprise... Bref, ces centres de santé sont un outil précieux dans les quartiers où se concentrent les familles en difficulté. Dans le quartier Mistral par exemple, il n'y a pas un seul médecin libéral et les habitants sont soignés au centre.

Depuis leur création, les centres de santé ont traversé de nombreuses crises financières. Ils sont administrés par leurs financeurs, mairie, Conseil général, qui versent des subventions pour compléter les revenus insuffisants provenant du remboursement des actes médicaux et paramédicaux par la Sécurité sociale. En 2002, la mairie socialiste et le Conseil général avaient versé, in extremis, après s'être longuement fait tirer l'oreille, des subventions exceptionnelles pour permettre leur financement. Mais ils ont imposé le passage de trois actes médicaux à l'heure au lieu de deux pratiqués jusqu'alors, ce qui, bien sûr, limite le temps d'écoute du médecin.

Fin janvier 2004, quelques jours avant la réunion du Conseil d'administration des centres de santé qui devait voter le budget, il manquait 400000 euros. Or il faut d'une part créer un poste et demi d'administratif pour seconder le directeur des centres, qui ne peut, seul, assurer les fonctions administratives ( demandes de subventions, rapports demandés par les financeurs ) et médicales (coordonner par exemple les actions de prévention et d'éducation sanitaire menées sur les quartiers). D'autre part, l'argent manque pour pouvoir augmenter les salaires des professionnels de ces centres en conformité avec la grille de salaires pratiquée dans ces organismes de soins. En effet, cela fait vingt ans que ces salaires ont décroché de la grille salariale de la FEHAP ( Fédération des Etablissements d'Hospitalisation privés à but non lucratif). De plus, les médecins qui aujourd'hui prétendent à la retraite ne peuvent bénéficier d'aucune provision leur assurant une retraite convenable. Ainsi, les trésors d'énergie et de dévouement du personnel des centres ne sont guère récompensés. Notons encore qu'aujourd'hui, une infirmière à mi-temps travaille entre 40 et 50 heures par semaine, et qu'aucun salarié ne sait vraiment ce que signifie la semaine des 35 heures! Bien sûr, c'est le découragement qui menace ces personnels dont le travail n'a jamais été reconnu, si ce n'est en parole.

Le personnel des centres de santé ainsi que le comité d'usagers, crée en 2002 suite à la crise pour défendre les centres, se sont donc mobilisés pour, une nouvelle fois, tirer la sonnette d'alarme et demander une subvention à la hauteur. Le directeur des centres de santé a même annoncé son départ car il n'a pas les moyens de mener à bien sa tâche.

Une conférence de presse a été tenue, la veille du vote du budget du CA, par le comité d'usagers des centres de santé et des représentants du personnel. Cette mobilisation a été indispensable, comme bien des fois dans le passé, pour obtenir les moyens nécessaires et ne pas laisser le secteur privé s'accaparer la gestion des centres, pour réorienter leurs actions en fonction de critères de rentabilité. Comme par enchantement, le lendemain, les subventions supplémentaires étaient votées et un poste de directrice-adjointe créé. La conseillère générale socialiste vice-présidente du Conseil d'administration, défendant l'action sociale de la municipalité, a eu le culot de déclarer, comme l'a rapporté le Dauphiné Libéré, que "à l'approche des élections, il arrive que l'on fasse beaucoup trop de bruit autour de difficultés qui, de toutes façons, étaient en passe d'être résolues"! Mensonges: les grandes entreprises comme STMicro-Electronics n'ont pas besoin, elles, de se mobiliser chaque année pour obtenir les subventions nécessaires! La municipalité et le Conseil général socialistes font du soutien aux grandes entreprises leur priorité, alors qu'il faut galérer d'année en année pour défendre les services sociaux.

Alors, tant mieux si les périodes électorales permettent de rappeler publiquement à ces faiseurs de discours sociaux de mettre leurs paroles en conformité avec leurs actes!

Partager