Pharmacie : Un secteur profitable qui creuse le "trou de la Sécu"29/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1852.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pharmacie : Un secteur profitable qui creuse le "trou de la Sécu"

L'offre de rachat ou d'échange des actions mise en oeuvre par Sanofi, qui majore de 3,6% la valeur des actions Aventis dans le but d'inciter ceux qui en sont porteurs à les lui céder, représente au total une mise de fonds de près de 50 milliards d'euros (47,8 exactement, soit 313 milliards de francs). La somme laisse rêveur mais indique bien l'extrême profitabilité du secteur pharmaceutique. Sanofi se vante d'ailleurs d'un taux de rentabilité d'environ 24% (contre 15% "seulement" à Aventis).

Il est beaucoup question ces derniers mois du "trou de la Sécu", d'autant que le gouvernement Chirac-Raffarin-Mattei prépare une nouvelle attaque contre le système de santé. Sont généralement montrés du doigt, comme responsables de ce "trou": l'augmentation constante des frais de santé, pourtant normale puisqu'avec les progrès de la médecine on peut se soigner de mieux en mieux; les médecins qui prescriraient "trop" de médicaments; ou les assurés eux-mêmes, décrits comme des obsédés de la consommation de médicaments. Mais il n'est jamais question de ceux qui creusent pourtant l'essentiel de ce trou, au premier rang desquels on trouve justement les industriels en général et ceux du médicament en particulier.

D'une façon générale, les grands groupes industriels sont soutenus et aidés, depuis toujours, par leur appareil d'État qui multiplie les aides, les subventions, les dégrèvements d'impôts. Une bonne part du fameux "trou" vient d'ailleurs des dégrèvements de charges sociales qui pèsent lourdement sur le budget de la Sécu.

Mais la Sécurité sociale, bien avant de profiter aux assurés sociaux, profite d'abord aux grands groupes pharmaceutiques, qui disposent ainsi d'une véritable "vache à lait". Le système de remboursement, malgré les attaques répétées dont il fait l'objet de la part des gouvernements successifs, leur assure depuis toujours une rentabilité comparable à celle d'une situation de monopole. Une preuve: la profitabilité du secteur pharmaceutique reste très au-dessus de ses rivaux des autres branches industrielles, pourtant en général pas à plaindre. Décidément, le "trou" de la Sécu remplit bien certaines poches.

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