Éducation nationale : Restrictions, aux dépens de la formation des jeunes29/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1852.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Éducation nationale : Restrictions, aux dépens de la formation des jeunes

Dans les différentes académies du pays, les rectorats viennent de dévoiler les cartes des formations et des options qui seront proposées aux élèves de lycée pour la rentrée prochaine. Le moins que l'on puisse dire est que ces cartes viennent d'être remodelées, charcutées, "redéployées", et surtout amputées. Conséquence immédiate de tous ces tripatouillages, le ministère de l'Éducation nationale vient d'annoncer une coupe sans précédent dans les postes d'enseignants mis au concours cette année pour les collèges et les lycées: 12500 postes pour les concours externes, qui permettent seuls le recrutement de personnels nouveaux, contre 18000 en 2003, soit une réduction d'un tiers !

Le gouvernement se justifie en évoquant la diminution du nombre d'élèves mais, selon les chiffres du ministère eux-mêmes, il faudrait 18500 postes minimum en concours pour compenser les départs à la retraite prévus en 2005. Le solde négatif est donc de 6000.

Cela laisse présager le pire pour les prochaines rentrées, 2004 et les suivantes. Cela se traduira dans les établissements scolaires par des effectifs par classe encore plus importants, des dotations horaires globales (DHG, c'est-à-dire le nombre d'heures d'enseignement allouées aux établissements, qui détermine le nombre d'enseignants affectés) réduites. Mais pas seulement: le gouvernement prévoit de supprimer des dizaines d'options, allemand ou latin par exemple, pour "économiser" le nombre d'enseignants de ces matières "optionnelles". Les élèves de bien des lycées ne pourront donc plus choisir la formation qu'ils souhaitent. La situation est sensiblement la même dans l'enseignement maternel et primaire. Alors qu'on prévoit 17290 départs à la retraite en 2005, seulement 13000 postes de professeurs des écoles (les instituteurs) vont être mis au concours. Actuellement, des milliers d'enseignants ayant échoué à ces concours sont recrutés sur des "listes complémentaires" et sont envoyés dans des classes sans aucune formation. A cela s'ajoute la suppression de 1100 postes de personnels administratifs de l'Education nationale à la rentrée prochaine.

Dans l'enseignement secondaire, cette réduction du recrutement signifie la hausse du nombre d'élèves par classe. Elle va se traduire par une explosion des postes d'enseignants précaires, contractuels et vacataires, qui sont déjà 30000 dans les collèges et les lycées du pays. Les remplacements seront donc encore moins bien assurés.

Le budget de l'Éducation nationale, essentiellement destiné au paiement des personnels actifs et retraités, prévu pour cette année est tout à fait insuffisant. Ne serait-ce que pour maintenir les conditions actuelles, déjà sensiblement défectueuses. La hausse de 2,8% de ce budget ne permet pas, mathématiquement, le maintien du nombre de postes actuel. Car la masse des salaires d'actifs vieillissants augmente, tout comme celle des pensions des retraités en nombre croissant. Pour contenir ses dépenses, le gouvernement fait le choix de diminuer l'encadrement des élèves. Pour maintenir les mêmes effectifs, il faudrait que le budget de l'Éducation nationale augmente de bien plus que ces 2,8%, rien que pour maintenir la situation en l'état, sans même parler d'une amélioration de cette situation, pourtant nécessaire.

La réduction programmée de l'encadrement des élèves annonce donc une dégradation aggravée de la situation dans les établissements, qui concernera plus spécialement les zones populaires.

Les charcutages dans les formations, les suppressions d'options et de postes qui leur sont liées, la hausse nette des effectifs d'élèves par classe vont se traduire par des conditions de scolarité plus difficiles pour des élèves, obligés de se déplacer de plus en plus loin pour suivre la formation de leur choix, ou privés de ces formations.

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