Nomination d’un préfet issu de l’immigration : Rien de changé pour les banlieues15/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1850.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nomination d’un préfet issu de l’immigration : Rien de changé pour les banlieues

L'annonce de la prochaine nomination d'un haut fonctionnaire d'origine immigrée a créé un nouveau sujet de polémique dans la classe politique, de droite comme de gauche. D'autant que cette annonce faite par Sarkozy venait appuyer ses propos en faveur d'une «discrimination positive», censée aider à l'intégration des Français issus de l'immigration.

Quelques jours plus tard, Chirac s'est ainsi démarqué du ministre de l'Intérieur; tout en reconnaissant les inégalités dont sont victimes les immigrés et en confirmant la nomination d'un préfet musulman, il a déclaré qu'il n'était «pas convenable» de «nommer les gens en fonction de leur origine».

Discrimination positive ou pas, la présence dans la haute administration de personnes issues de l'immigration n'a rien d'une nouveauté. Il y a une cinquantaine d'années par exemple, l'État français comptait beaucoup plus de hauts fonctionnaires civils et militaires, et notamment des préfets, d'origine africaine par exemple, qu'aujourd'hui. Certains, comme Houphouët-Boigny qui devint par la suite président de la Côte-d'Ivoire, débutèrent même leur carrière politique en tant que députés, voire ministres de plusieurs gouvernements français. Cette «promotion» d'une minorité, recrutée parmi les couches les plus aisées de pays qui étaient alors des colonies françaises, n'a jamais empêché les préjugés xénophobes et les discriminations, ni facilité l'intégration de la grande majorité des immigrés, le plus souvent condamnés aux travaux les plus pénibles et relégués dans des banlieues défavorisées.

C'est encore vrai aujourd'hui. La montée du chômage, qui frappe encore plus durement ces banlieues, ne peut que renforcer les sentiments d'exclusion des populations d'origine maghrébine, africaine ou autre. Et ce n'est pas la nomination d'un préfet, fût-il issu de l'immigration, qui changera quelque chose à leur sort.

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