Les voeux de Chirac pour le patronat, autant de menaces pour les travailleurs !15/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1850.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Les voeux de Chirac pour le patronat, autant de menaces pour les travailleurs !

A l'occasion des différentes cérémonies officielles de voeux pour l'année nouvelle, Chirac a rappelé quels devraient être, selon lui, les grands axes de la politique gouvernementale pour l'avenir. Mais comme toujours, derrière les discours, il faut voir ce qui se cache.

Des milliers de chercheurs scientifiques ne se sont pas trompés au discours de Chirac qui promettait le 6 janvier «une impulsion nouvelle à l'effort de recherche» et ont signé une pétition dans laquelle ils s'affirmaient prêts à démissionner de leur poste «si les pouvoirs publics ne mesurent pas la gravité de la situation». Il est vrai que l'année 2003 a été marquée par une réduction considérable des crédits affectés à la recherche et que c'est bien le moins, quand on est un scientifique, de tenir compte de l'expérience!

Les travailleurs ont encore plus de raisons d'être méfiants, quand Chirac parle d'une «loi de mobilisation sur l'emploi». Celui-ci s'est empressé d'ajouter que «ce sont d'abord les entreprises qui font l'emploi». On connaît la chanson. Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis près de trente ans, ceux qui étaient ouvertement de droite comme ceux qui se prétendaient de gauche, nous l'ont seriné sur un air ou sur un autre: il fallait, juraient-ils, diminuer les impôts sur les bénéfices des sociétés, diminuer les charges sociales (c'est-à-dire mettre en péril la Sécurité sociale et les retraites), pour permettre aux entreprises de créer des emplois. Le patronat a encaissé ces cadeaux, a augmenté ses bénéfices, mais n'a pas créé d'emplois pour autant. Cela n'a pas empêché les gouvernants de continuer, parce que leur but véritable ce n'était pas de lutter contre le chômage, mais uniquement de permettre au patronat de faire toujours plus de profits.

Et des cadeaux aux entreprises, il y en avait dans les déclarations du chef de l'État, à commencer par la suppression de la taxe professionnelle, pourtant essentielle pour les réalisations des collectivités locales. Chirac a également demandé au gouvernement de «simplifier» le code du travail, ce qui veut dire en clair élaguer nombre de textes qui limitent les pleins pouvoirs patronaux.

Du côté du monde du travail, la nouvelle année aura en revanche été marquée par les mesures portant sur la réduction des indemnités de chômage, et qui vont précipiter des milliers de sans-travail dans une gêne encore plus grande, voire dans la misère.

Mais pour faire des cadeaux au patronat, il faut bien trouver de l'argent quelque part!

Dans les discours de Chirac et la politique du gouvernement, il y a cependant un autre aspect: la volonté de flatter la fraction la plus réactionnaire de l'électorat. «Notre électorat souhaite des mesures fortes pour privilégier le travail sur l'assistanat et il veut que ses attentes soient satisfaites», a déclaré sans ambages le président UMP du Conseil régional de Bretagne. Comme si les éternels assistés -sans limitation de durée, et pour des sommes faramineuses- n'étaient pas les membres de cette classe patronale pour lesquels gouvernement, Conseils régionaux et Conseils généraux multiplient les cadeaux sur le dos de la population laborieuse.

Mais le monde du travail aussi veut que «ses attentes soient satisfaites». Il veut que soit privilégié son travail, et non le parasitisme de la bourgeoisie et de ses laquais. Et il devra bien le montrer un jour prochain, non seulement dans les urnes, mais aussi dans les entreprises et dans la rue car, à trop tirer sur la corde, elle finit par casser.

Arlette LAGUILLER

Editorial des bulletins d'entreprise du 12 janvier 2004

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