Parmalat et tous les autres08/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1849.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Parmalat et tous les autres

L'affaire du groupe agro-alimentaire italien Parmalat continue de défrayer la chronique. Son ancien président Carlisto Panzi avait loué, le 17 décembre, un avion privé pour se rendre au Portugal avant de gagner l'Equateur où sa famille possède quatre sociétés. Au retour, il a fait escale en Suisse avant de rejoindre Milan où il a été arrêté. En effet, 3,7 milliards d'euros au moins s'étaient évaporés de sa comptabilité. Ont-ils été placés dans un paradis fiscal? En tout cas, le groupe Parmalat dispose d'une filiale immatriculée dans la colonie anglaise des îles Caïmans, cinquième place financière mondiale où les sociétés enregistrées, plus nombreuses que les habitants, sont autorisées à utiliser des prête-noms pour cacher l'identité des détenteurs de comptes.

A ce propos, le juge d'instruction Van Ruymbeke, qui exerce au "pôle financier" d'un tribunal parisien, a déclaré que la plupart des groupes financiers de dimension internationale ont des comptes dans de tels paradis fiscaux. "Le principal intérêt", a-t-il ajouté, est "d'assurer une certaine opacité". Fraude du fisc, mais aussi tentative de corruption, trafic de drogue... Même le terme d'économie parallèle est impropre car en fait "tout est imbriqué". Quand les États mettent en place une réglementation, les possibilités ouvertes par ces paradis fiscaux aux sociétés de tourner ces lois vont encore plus vite. Les juges n'ont "accès qu'à un très petit nombre de dossiers. Peut-être un sur mille ou un sur un million, c'est impossible à savoir" a ajouté Van Ruymbeke. Quant aux contrôles des comptes par les experts, on a vu ce qu'il en était à propos de la société américaine Enron, et le juge "ne croit pas que le contrôle interne ait plus de poids dans les entreprises européennes que dans les sociétés américaines".

Les commentateurs parlent de "dérives" comme s'il s'agissait de simples défauts qui pourraient être corrigés. Mais c'est le capitalisme dans son ensemble qui a besoin de ces camouflages et de ces combines en tout genre, pour fonctionner.

L'opacité des comptes et les trafics légaux et illégaux sont une composante nécessaire au fonctionnement de l'économie actuelle.

Contrôler les comptes des grandes entreprises serait indispensable dans le secteur agro-alimentaire pour que les petits producteurs et les salariés cessent de payer les pots cassés. Mais cette transparence des comptes, aucun organisme de contrôle, sociétés "d'audit" ou autres, qui sont tout aussi opaques et obéissent en fait aux mêmes règles, ne l'assurera. C'est la population, à commencer par les travailleurs de ces entreprises elles-mêmes, qui doit avoir un accès direct aux comptes, la possibilité de les contrôler et de bloquer les opérations douteuses que pourraient faire leur patron avec ce qui n'est autre que le produit de leur travail.

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