Épidémie de légionellose : Chantage sur la santé08/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1849.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Épidémie de légionellose : Chantage sur la santé

Depuis plus d'un mois, dans la région de Lens, il n'y a quasiment pas de jour sans l'annonce d'un nouveau cas de légionellose. Cette maladie est très grave, surtout pour les personnes âgées et celles dont les poumons sont affaiblis, comme c'est le cas pour beaucoup d'anciens mineurs. Et elle ne se soigne correctement que si elle est diagnostiquée très tôt.

A ce jour, l'épidémie a déjà touché 59 personnes et entraîné 7 décès. La population autour de Lens, très inquiète, se demande quand cela va cesser.

L'usine pétrochimique Noroxo de Harnes est pour la seconde fois arrêtée sur ordre des pouvoirs publics. Il est en effet établi aujourd'hui qu'une tour aéroréfrigérante de cette usine est à l'origine des premiers cas de contamination. La souche bactérienne retrouvée dans cette tour était identique à celle retrouvée chez certains des malades contaminés.

Le directeur de l'usine proteste pour cette seconde fermeture. Pour lui, il n'est pas prouvé que son usine soit toujours la source de contamination. Il faut dire que depuis le début, il commente avec beaucoup de détachement les taux de légionelles relevés dans son usine. Il y avait par exemple 600000 UFC (unité formant colonie) le 20 novembre alors que le seuil autorisé est de 1000! Et l'on a appris ensuite que des analyses effectuées le 15 octobre avaient relevé 730000 UFC et que Noroxo n'avait alors ni alerté les autorités ni arrêté les installations.

Des syndicalistes (CFTC et CGT) emboîtent le pas au directeur et déclarent eux aussi que la deuxième fermeture de l'usine n'est pas justifiée. Bien sûr, les salariés sont inquiets pour leur emploi, et ont peur que cette vieille usine ne ferme si les patrons décident que la sécurité coûte trop cher. Cette usine emploie 150 salariés, plus près de 100 autres en sous-traitance. Noroxo est propriété d'Exxon-Mobil Chemical et on ne peut pas dire que le groupe Esso n'ait pas largement de quoi payer l'intégralité des salaires des employés de l'usine et ceux des entreprises extérieures pendant l'arrêt de l'usine!

Ce chantage à l'emploi des patrons d'usines dangereuses marche malheureusement auprès des élus locaux qui aujourd'hui se disent très inquiets, mal informés, multiplient les déclarations, mais sont les premiers à fermer les yeux, ou à arroser de subventions une usine lorsqu'elle est dangereuse. Metaleurop est située dans le même secteur!

Une chose est sûre, il manque d'inspecteurs, de spécialistes pour contrôler toutes ces usines dangereuses pour ceux qui y travaillent et aussi pour tous ceux qui vivent autour. La Région est de plus particulièrement sous équipée du point de vue sanitaire, il manque des moyens de prévention, des médecins, des structures de santé adéquates, ce qui ne peut qu'aggraver la situation pour la population.

Les patrons imposent leur loi aux services de l'État et aux élus. Pour imposer à ces patrons sans scrupules de faire passer la santé avant les profits, les travailleurs et la population devront compter sur leurs propres forces.

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