Élections régionales : PS-Verts-PCF en désordre au premier tour, alignés au second08/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1849.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Élections régionales : PS-Verts-PCF en désordre au premier tour, alignés au second

Les tractations entre les formations de l'ex-gauche plurielle en vue des prochaines élections régionales ont abouti, très laborieusement, à la mise sur pied de listes communes PS, PCF et Verts dès le premier tour dans sept régions sur vingt-deux. Le PS et les Verts se retrouveront ensemble dans onze régions. De leur côté le PS et le PCF se sont mis d'accord, pour le moment, dans quinze régions, mais toutes les fédérations du PCF ne se sont pas prononcées pour se présenter sur une liste unique. Le PCF n'a décidé de présenter ses propres listes qu'en Île-de-France, en Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais.

Cette diversité fait désordre. Elle est le reflet moins de divergences politiques que de calculs et d'hésitations politiciennes. Pour les Verts comme pour le PCF, il s'agit, avant de se placer sur orbite autour du PS, de tenter de mesurer leur poids électoral afin de marchander, dans les moins mauvaises conditions possibles, le prix de leur ralliement. Pour le PCF, qui garde une base militante, affaiblie certes mais qui reste présente dans les entreprises et les quartiers populaires, bien plus que pour les Verts qui n'ont pas ce type de souci, il s'agit de prendre en compte le souhait des militants qui acceptent mal que son identité soit de plus en plus gommée. Cette situation l'oblige à ce jeu de balance: se satelliser d'entrée autour du PS, ou choisir d'apparaître sous son étiquette, au risque de ne pas atteindre les 5% des suffrages nécessaires pour pouvoir négocier des places sur une liste d'union de la gauche au second tour, et donc de perdre les élus dont il disposait encore.

Bien sûr tout se remettra en ordre au second tour, puisque les ex-partenaires de la gauche plurielle se retrouveront sur une même liste, si les règles du scrutin -la barre des 5%- le leur permet. Et dans tous les cas, ils soutiendront une même liste afin, selon une formule qui a déjà servi, de "battre la droite".

Comme si cela pouvait être un objectif pour le monde du travail et la population laborieuse. "Battre la droite", dans ce jeu d'alternance entre notables qui ne diffèrent que par l'étiquette, mais pas par la politique qu'ils mènent, c'est entrer dans un jeu de dupes. On en a fait l'expérience, il y a peu, au plan national avec le gouvernement Jospin, et au plan régional dans un certain nombre de régions. D'ailleurs, ceux-là mêmes qui nous expliquent que l'enjeu de mars prochain serait de "battre cette droite" nous appelaient à voter, donc à cautionner, Chirac que l'on voit à l'oeuvre aujourd'hui, flanqué de ses lieutenants, Raffarin, Sarkozy, Fillon, Ferry et quelques autres.

Cette prétendue gauche, qui n'hésite pas à franchir les frontières qui la séparent de la droite sur le terrain politique, et encore plus sur le terrain social (n'a-t-elle pas constitué nombre de dossiers qu'utilisent Raffarin, Fillon, Sarkozy pour s'attaquer aux droits des travailleurs, en matière de retraite, de garantie santé, etc. ?) en est encore à se chercher un programme "commun", sur lequel elle envisage de rassembler une nouvelle fois ses alliés -ou ses comparses- d'hier. Cette tâche semble ardue, qui ne consiste qu'à trouver des mots qui s'ajoutent à d'autres mots, pour ne rien dire qui fâche quiconque, ni les partenaires souhaités ni la bourgeoisie en tout cas. C'est la manière pour ces bons apôtres de faire dans le réalisme.

Pourtant il serait simple de dire, dès maintenant, qu'elle serait prête à abolir toutes les décisions scélérates, anti-sociales, prises depuis 2002 par l'équipe Raffarin-Chirac. Qu'il s'agisse de la loi Fillon sur les retraites, et du même coup celle de Balladur qui abolissait les 37 années et demi de cotisation pour accéder à une retraite à taux plein dans le secteur privé; ou qu'il s'agisse d'abolir les lois qui amputent gravement l'indemnisation des chômeurs, de revenir sur la remise en cause du statut des intermittents, de doter l'Éducation nationale et le service de santé de moyens budgétaires qui permettent à tous d'accéder dans les meilleures conditions à l'instruction et aux soins. Il faudrait aussi imposer au patronat l'interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits, et toutes les grandes entreprises en font, soit directement, soit par filiales ou sociétés écrans interposées. Ces mesures de sauvegarde sociale devraient être une priorité pour tous ceux qui se présentent comme les défenseurs des intérêts essentiels de la population laborieuse. Défendre ces mesures serait la seule façon de défendre une politique qui se distingue nettement de celle de la droite. Ce serait cela, et seulement cela, "battre" vraiment "la droite".

Ce serait plus difficile à faire qu'à dire? C'est vrai, mais encore faudrait-il au moins commencer par le dire, et préparer les esprits, préparer les travailleurs au combat nécessaire pour imposer ces mesures, agir pour que le rapport de forces s'inverse entre les travailleurs et leurs exploiteurs, non seulement dans les urnes, mais dans les entreprises et les quartiers.

C'est cela être réalistes. Au lieu de cela, le PS et les Verts se proposent simplement de préparer ce qu'ils appellent "une alternative politique pour 2007". Ce n'est que répéter une rengaine qu'on n'a que trop entendue, avec l'espoir, fondé, d'y rallier la direction du PCF.

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