Zones d’attente à Roissy : Une situation inhumaine25/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1847.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Zones d’attente à Roissy : Une situation inhumaine

Le comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CTP) vient de publier un rapport sur une visite effectuée du 17 au 21 juin 2002 à l'aéroport de Roissy pour y examiner la situation des ressortissants étrangers maintenus sur ce site et menacés d'être reconduits à la frontière. Il soulève un certain nombre de problèmes qui ne peuvent qu'inquiéter sur la façon dont ces derniers sont traités.

Le CTP, qui était déjà venu enquêter en 2000, pointe à nouveau les mauvaises conditions de détention dans les locaux de la police de frontières (PAF), situés dans les aérogares. Il constate en effet, que lors de la dernière visite, un de ces locaux «comptait douze personnes confinées dans 10 m², dans une atmosphère étouffante». Dans un autre, «53 personnes avaient passé plusieurs heures pendant la journée, réparties entre deux cellules de 4 m²». Mais ce n'est pas tout. Le rapport dénonce aussi des mauvais traitements signalés lors de contrôles de passeport ou de demandes d'asile, et les responsables pointés du doigt sont des «membres des forces de police». En effet, entre le 1er mai et le 17 juin 2002 , «le service médical de la ZAPI (zone d'attente pour les personnes en instance) a établi 23 constats de lésions traumatiques de personnes ayant allégué des mauvais traitements physiques à l'aéroport». Un cas est cité, celui d'un demandeur d'asile passé à tabac au poste de police d'un terminal. Le policier responsable a certes été condamné pour coups et blessures à 12 mois de prison... avec sursis, mais le fait en lui même en dit assez long sur le sort réservé aux sans-papiers.

Les étrangers qui se retrouvent dans ces zones d'attente sont coupés de tout. Le plus souvent, la barrière de la langue renforce encore leur isolement, même s'il existe des interprètes. Il leur est bien sûr difficile, voire impossible de connaître leurs droits, d'autant qu'ils ne disposent pas toujours d'un avocat «dès le début de la privation de liberté», comme le demande pourtant le CTP.

Pour ceux dont la demande d'asile a été rejetée, c'est la reconduite à la frontière. Au désespoir de voir tous leurs efforts ruinés, s'ajoutent souvent l'humiliation et la brutalité du renvoi forcé dans leur pays. Le CTP soulève le problème des conditions de ces reconduites à la frontière par avion, dont l'inhumanité soulève parfois l'indignation des autres passagers. Il est bien significatif que des directives précises en matière «d'éloignement forcé par voie aérienne» soient réclamées par le CTP, en particulier sur les gestes et techniques à prohiber, comme le fait d'obstruer les voies repiratoires, de comprimer le thorax ou d'entraver les membres avec des adhésifs. En effet, ces méthodes existent... puisqu'il faut les interdire.

Le rapport de ce comité européen comme les actions des collectifs de sans-papiers contre les expulsions permettent de soulever un coin du voile sur ce qui se passe dans ces zones d'attente, ces prisons cachées dans des immeubles, de «faux» hôtels construits par le groupe Accor. Il faut mettre fin immédiatement à ces méthodes dégradantes.

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