Magasins Tati : Avenir du personnel incertain... profits protégés18/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1846.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Magasins Tati : Avenir du personnel incertain... profits protégés

Le groupe Tati, qui depuis cinquante ans emploie environ 1200 salariés dans 27 magasins en France, menaçait de déposer son bilan à la fin de l'été dernier. Le 2 septembre le tribunal de commerce de Paris ordonnait sa mise en redressement judiciaire pour une période d'observation de quatre mois. Pour l'heure, les administrateurs judiciaires nommés par le tribunal de commerce de Paris ont décidé de prolonger de six mois cette période.

Les salariés de Tati ne sont pour autant guère plus rassurés sur leur avenir. Si aucune solution de redressement ou de reprise de l'entreprise ne se présentait, cela se traduirait par la fermeture des magasins. Les seules victimes en seraient les employés.

Les 1200 travailleurs de chez Tati, dont la majeure partie est rémunérée au smic, ont assuré en cinquante ans la fortune des actionnaires du groupe, par exemple de Fabien Ouaki, héritier de la famille principale actionnaire. Depuis des années celui-ci fait partie des grandes fortunes françaises et a pu s'offrir quelques extravagances. Propriétaire d'une écurie de courses, il faisait courir ses pur-sang sous les couleurs du Dalaï Lama, pour concilier passion hippique et ferveur bouddhiste.

Maintenu à la tête de l'entreprise, il n'hésite pas à révéler ses projets d'avenir à la presse. Il promet de mettre en place en trois mois un plan de redressement de l'entreprise pour en maintenir et en développer l'activité, et continuer à en tirer des profits. La recette envisagée, d'un esprit bien patronal, n'a rien d'original. "Nous devons réduire les coûts, (...). Il y aura des suppressions d'emplois".

La vente du magasin Tati de la place de la République à Paris en 2002 avait rapporté 150 millions d'euros (1 milliard de francs) dont personne ne sait ce qu'ils sont devenus. Plus récemment, le PDG de Tati a vendu ses chevaux de course, déclarant que "cette activité prenait trop de temps et d'énergie", pour 1,145 million d'euros. Le produit de cette vente ne sera pas réinvesti dans l'entreprise, mais dans la société de courses du PDG de Tati, qui entend bien continuer ses divertissements hippiques.

Le PDG et les actionnaires de Tati n'ont aucun compte à rendre sur les profits qu'ils ont engrangés tout au long des années. Ils n'ont même pas à craindre un dépôt de bilan: la seule vente des immeubles de leurs magasins, situés dans des centres-ville, leur assurerait une retraite dorée. En attendant, ils continueront de licencier, comme cela s'est déjà produit en dix ans pour plus d'un tiers des salariés, selon un militant de la CGT.

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