Le Front National veut faire payer les plus pauvres18/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1846.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le Front National veut faire payer les plus pauvres

Le Front National a décidé d'ajouter à sa démagogie anti-immigrés une campagne sur le thème de "l'insécurité sociale", prétendant que "le social, c'est le Front National". En réalité, le "programme économique" du parti de Le Pen revendique, au contraire, une accentuation des mesures contre les travailleurs et contre les pauvres.

Le Front National préconise la suppression progressive de l'impôt sur le revenu, notamment par "l'écrêtement progressif des taux les plus élevés". Il indique que "l'impôt sur le revenu ampute le revenu des 20% les plus riches d'environ 3% du revenu total des ménages, soit 7% de leurs propres revenus, et le redistribue de façon à peu près proportionnelle aux 50% les plus pauvres". Et si de tels chiffres sont cités, c'est parce que le Front National les trouve scandaleux. Il entend dénoncer ce qu'il appelle "l'illusion et la nocivité de la "redistribution" fiscale". Celle-ci devrait disparaître en cinq ans. En revanche la TVA, indolore pour les riches mais qui pèse lourdement sur les salariés les plus mal payés, sur les chômeurs, eh bien le Front National veut la maintenir à son taux actuel.

En fait, le Front National préconise de prendre aux pauvres pour donner aux riches, comme cela se fait déjà. Mais il offre ses services pour faire encore plus. On avait vu déjà au printemps dernier, le 28 avril, lors de l'attaque du gouvernement contre les retraites, Marine Le Pen publier un communiqué intitulé "Courage, Fillon!", demandant au ministre de ne pas céder comme Juppé l'avait fait face aux grévistes en 1995. Elle reprochait à Fillon d'être trop timide face aux manifestations qui s'annonçaient: "Que deviendra cette "timidité" lorsque la CGT, FO et la CFDT descendront dans la rue? Un décembre 95 en mai 2003? On peut prendre les paris", s'inquiétait Marine Le Pen.

Mais finalement, elle a perdu son pari et le gouvernement a exécuté ce qu'elle préconisait: désormais tous les retraités sont attaqués, ceux du secteur privé par les réformes Balladur, et ceux du public par Fillon. Le parti de Le Pen peut donc être satisfait, de même que les patrons ont toutes les raisons de l'être, dont les charges ont encore diminué, comme le préconise d'ailleurs aussi le programme du Font National, qui se déclare également favorable à "la réduction de l'impôt sur les bénéfices avec un taux ramené à 10%".

Pour trouver l'argent nécessaire à tous ces cadeaux, ce que propose le Front National n'a rien non plus de nouveau et d'original: faire travailler encore davantage ouvriers et employés. "On commence à travailler trop tard et on part à la retraite trop tôt", a déclaré Le Pen. La durée hebdomadaire du travail est également trop courte, selon lui: "Au lieu de faire la loi sur les 35 heures, il fallait faire celle des 42 heures". En revanche, le Front National n'a rien à redire sur la flexibilité du travail instaurée par la loi des 35 heures, qui permet aux patrons de faire travailler énormément à certaines périodes et peu à d'autres, selon leur bon vouloir. Le Pen voudrait même les laisser complètement libres dans des "accords de branche ou d'entreprise qui définiraient le temps de travail le mieux adapté".

Le Front National, dans ce qui lui tient lieu d'idées, ne fait que reprendre le fil des attaques menées ces dernières années contre les travailleurs par la gauche puis par la droite. Mais il se distingue en voulant aller encore plus vite et encore plus loin, et en distillant le poison de la division entre les travailleurs, les chômeurs, les pauvres, alors qu'en fait tous, étrangers et français, sont visés.

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