Executive Life : Les responsables couverts grâce aux deniers publics18/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1846.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Executive Life : Les responsables couverts grâce aux deniers publics

L'affaire Executive Life vient de connaître un énième rebondissement. Alors que Chirac et Raffarin affirmaient haut et fort refuser la transaction qui leur était proposée, il a suffi que les principaux responsables, dont Pinault le vieil ami de Chirac, se sentent mis à couvert, pour que président et Premier ministre acceptent le compromis que leur proposait la justice américaine. Et l'on a vu Raffarin, tête basse et toute pugnacité abandonnée, monter au créneau, quitte à se ridiculiser, pour justifier ce qu'il refusait absolument la veille.

Le gouvernement vient donc d'accepter de verser 585 millions de dollars au fisc américain pour le rocambolesque achat en 1991 d'une compagnie d'assurance californienne, Executive Life, par le Crédit Lyonnais, alors banque publique, opération illégale selon les lois américaines. Quant au sieur Pinault, il a accepté de son côté de débourser 185 millions de dollars, qu'il n'entend pas devoir sortir de sa fortune personnelle, puisqu'il annonce son intention de les emprunter... au Crédit Lyonnais.

Mais ce nouvel épisode, si de nouveaux rebondissements ne viennent pas toutefois le remettre en cause, ne sera pas le dernier de l'affaire. Cette transaction amiable ne concerne que la partie pénale du dossier, c'est-à-dire les poursuites intentées par la justice américaine. Il reste les plaintes des assurés, qui contestent eux aussi les conditions de la vente d'Executive Life. Et il n'est pas dit que l'État français n'ait pas à verser des sommes bien plus importantes que celles prévues par la transaction pénale actuelle.

L'État, c'est-à-dire les contribuables, devrait donc payer, alors que ce sont des particuliers qui non seulement sont responsables de l'affaire mais ont bénéficié des opérations financières? On évoque le gain important que Pinault aurait réalisé à l'occasion du rachat de la compagnie d'assurances en 1992: les estimations varient de 1 à 1,3 milliard de dollars. La moindre des choses serait que ce personnage comme ses acolytes paient, en prenant sur leur fortune personnelle, un point c'est tout.

On a indiqué, comme pour montrer que cette somme était dérisoire, que l'amende payée par l'État français représentait "seulement" de 10 à 12 euros par personne. Mais il serait plus juste d'indiquer que cette dépense de l'État, qui risque d'être encore multipliée à l'avenir, correspond au coût de la rénovation de centaines d'établissements scolaires, ou encore à celui de plusieurs milliers de postes pour les services publics.

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