Service minimum : Le gouvernement anti-grévistes et anti-services publics12/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1845.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Service minimum : Le gouvernement anti-grévistes et anti-services publics

Les députés de la majorité de la droite parlementaire, relayés par la presse, parlent beaucoup de la réglementation du droit de grève, sous la forme d'une loi instituant un service minimum, en particulier dans les transports publics.

Le ministre chargé des transports, l'UDF de Robien, a dû cependant tempérer l'ardeur de la droite, expliquant qu'il craignait une réaction des cheminots. Il a obtenu que, le 9 décembre, ait lieu au Parlement une simple discussion, le vote étant reporté à plus tard. Ce n'est pas que ce gouvernement ne voudrait pas parvenir à une loi qui puisse être brandie contre les salariés, mais il compte auparavant s'assurer de complicités parmi les syndicats en organisant un simulacre de «négociation», suivant la méthode déjà utilisée pour attaquer les retraites. Et puis le gouvernement est d'autant moins sûr de lui que se profilent, à une échéance proche, deux consultations électorales. Un député UMP a d'ailleurs déclaré que, tout comme le gouvernement, il considère comme essentiel «d'avancer de manière décrispée, sans heurter les syndicats».

Mais cela n'empêche pas, en attendant, d'orchestrer une campagne d'intoxication auprès de l'opinion, sondage à l'appui, indiquant qu'une majorité serait pour un service minimum en cas de grève. Dans ce sondage, les véritables questions ne sont pas posées, celles qui mettraient le doigt sur la nécessité d'améliorer les services publics tels qu'ils fonctionnent en temps normal, ce qui est bien souvent en deçà de ce qui serait nécessaire, aussi bien dans les transports que dans les hôpitaux, les postes, l'enseignement.

Ce qui préoccupe le gouvernement dans cette question, ce n'est pas d'améliorer les services dans l'intérêt du public. Ce qui le motive aussi, outre le fait de pouvoir s'adresser à une frange réactionnaire de l'électorat, c'est de pouvoir livrer des pans entiers de services publics aux intérêts privés, en favorisant par exemple les cliniques privées et l'industrie pharmaceutique, et en privatisant ce qui est rentable dans La Poste, les transports, l'énergie, les télécoms, etc. Et si, en plus, les salariés pouvaient être privés du droit de revendiquer par la grève, cela serait tellement plus attirant pour les capitaux privés!

Mais là-dessus, malgré ses calculs pour associer les syndicats, le gouvernement peut toujours rêver. Du fait des conditions de travail dégradées, voire carrément catastrophiques comme dans les hôpitaux par exemple, et cela 365 jours par an, il ne reste que la grève pour se défendre et exiger que l'argent public aille aux services publics.

Partager