Médecine du travail : Le projet du patronat12/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1845.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médecine du travail : Le projet du patronat

Le projet de décret du gouvernement présenté le vendredi 5 décembre au Conseil supérieur de prévention des risques professionnels, qui réforme la médecine du travail, a provoqué la protestation de toutes les organisations syndicales de la profession.

Elles jugent en effet que ce projet est «largement inspiré des revendications patronales», exigent son retrait et demandent l'élaboration d'un autre projet «conforme à l'intérêt de la santé au travail de tous les salariés, et particulièrement de ceux des petites entreprises».

Ce décret prévoit entre autres de relever de 2800 à 3300 le quota de salariés suivis par chaque médecin. La visite médicale n'aurait lieu que tous les 24 mois, au lieu des 12 prévus actuellement, du moins officiellement, car dans la pratique les visites sont déjà bien plus espacées. Le projet gouvernemental ne peut donc qu'aggraver une situation que dénoncent depuis longtemps des médecins du travail eux-mêmes.

Les problèmes de santé au travail ne font que s'aggraver, comme le souligne un communiqué de presse du collectif «santé au travail» qui regroupe la CGT, l'association des accidentés de la vie (Fnath) ainsi que des syndicats de médecins du travail. Chaque année 10000 travailleurs sont atteints de cancers professionnels. Les maladies professionnelles et les accidents du travail se développent de plus en plus avec l'aggravation de l'exploitation dans toutes les entreprises. Le collectif «santé au travail» souligne que, de plus, les «atteintes à la santé mentale générées par l'organisation du travail sont de plus en plus préoccupantes». Les travailleurs les plus âgés sont ceux qui souffrent le plus de l'aggravation générale des conditions de travail.

Or les conditions dans lesquelles s'exerce la médecine du travail se détériorent. Il y a pénurie de médecins du travail, et ce depuis longtemps. Le rapport 2003 de l'Inspection générale des Affaires sociales avance le chiffre de 5933 médecins du travail pour tout le pays et souligne qu'un bon nombre d'entre eux partiront à la retraite en 2007. Mais le problème de l'efficacité de la médecine du travail n'est pas seulement lié au manque d'effectifs. Il est aussi lié à l'existence des pressions constantes des patrons qui mettent tout en oeuvre pour que leurs responsabilités ne soient pas reconnues afin de ne débourser que le moins possible pour la santé des salariés.

Ainsi, les patrons font peser des menaces sur les salariés pour qu'ils ne déclarent pas leur arrêt du travail. Ils cherchent à contraindre des médecins à se rendre complices de leurs méfaits pour se débarrasser des salariés malades ou pour maintenir des postes de travail dénoncés par les salariés comme difficiles à tenir sans atteinte grave à leur santé. C'est une des raisons pour lesquelles les médecins du travail réclament des moyens légaux pour parvenir à protester contre les freins mis par des employeurs à leurs activités.

Ce projet de décret est bien significatif de la politique favorable aux patrons de ce gouvernement, comme de ses prédécesseurs. Il n'est rapide que lorsqu'il s'agit de rogner sur la santé des travailleurs, jamais lorsqu'il s'agit d'interdire l'utilisation de l'amiante, des éthers de glycol ou de bien d'autres produits dangereux.

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