Lorette (Loire) : Un maire réactionnaire contre son Centre social12/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1845.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lorette (Loire) : Un maire réactionnaire contre son Centre social

Le Centre social de Lorette, commune d'environ 5000 habitants entre Saint-Chamond et Rive-de-Gier, dans la Loire, est menacé d'être mis dehors par le maire de la commune, M. Tardy. Celui-ci, connu pour son hostilité à toute idée progressiste, a été élu en 2001 sur une liste de droite, sans concurrence du FN, que l'on pouvait plutôt appeler liste commune de la droite et de l'extrême droite.

Début décembre, lors de la réunion du conseil municipal de cette commune, ce maire faisait voter la création d'un Centre social municipal. Cela, malgré la présence des adhérents et du personnel de l'actuel Centre social, ainsi que des membres de syndicats et associations amies.

Il avait déjà, dans un précédent épisode de cette série antisociale, dénoncé la convention entre la municipalité et le Centre social et annoncé que celui-ci devrait quitter ses locaux actuels fin décembre 2003. Le maire lui proposait un local de 50 m2 en échange des 300 m2 actuels. Et il remettait en cause le montant de la subvention.

Bien que ce monsieur se défende de vouloir la mort du Centre social, il fait tout pour qu'il disparaisse et pour avoir «son» Centre à lui. Peu lui importent les 380 familles qui utilisent cette structure associative et les salariés qui y travaillent. Il ne cache d'ailleurs pas un mépris certain pour les responsables de ce Centre et pour les habitantes et habitants qui le fréquentent, souvent issus de l'immigration, comme il est normal pour un Centre qui prend en compte les besoins des populations aux revenus modestes.

M. Tardy s'était fait connaître l'été 2001 au travers d'articles publiés dans la presse locale et nationale, reproduisant des extraits d' un courrier adressé à la présidente du Centre où il commentait la composition de la liste des enfants fréquentant le Centre social: «Sur un total de trente-sept participants, cinq enfants sont de souche latine et trente-deux sont de souche musulmane.» Le procureur de la République, saisi suite à une plainte du MRAP, avait adressé au maire un rappel au respect de la loi qui interdit toute discrimination basée sur la religion ou la race.

On peut penser que la présence du trésorier de l'association gérant le Centre social, d'origine algérienne puis naturalisé Français, en tant qu'élu de la gauche dans son conseil municipal a aussi déplu à ce petit potentat. Les institutions qui financent ce Centre reconnaissent le sérieux des travaux de cette structure: mais peu importe au maire.

Les responsables du Centre, le personnel et les adhérents n'ont bien sûr pas baissé les bras devant les prétentions du maire. Ils ont reçu le soutien d'autres Centres sociaux, de MJC, des Unions locales des syndicats. L'affaire est maintenant largement connue, et même au-delà de la vallée du Gier et du département: du fait de cette solidarité qui s'est créée, le maire ne pourra pas facilement faire son coup de force en douce, comme il l'espérait.

Justement, lors du conseil municipal du 3 décembre, il s'est couvert de ridicule: alors que le public protestait contre sa décision, il demanda à l'unique policier municipal de «faire évacuer la salle»... ce qui n'eut, bien sûr, pas de suite. Ces réactions de l'assistance ont rappelé à M. Tardy qu'il ne pouvait pas se comporter en seigneur et maître.

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